Le Devoir

Un manque de fermeté

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La volte-face de Jean-François Lisée sur la mise en place d’une clôture près du chemin Roxham s’inscrit bel et bien dans un excès de «politiquem­ent correct» qui frappe notre classe politique depuis les dernières années.

On a décrié sa propositio­n comme étant exclusive et populiste, alors qu’en regardant de plus près on se rend compte rapidement qu’elle a toujours été conditionn­elle à la suspension de l’entente avec les États-Unis sur les tiers pays sûrs. La mauvaise foi des «QSistes» en témoigne largement. Ce n’est pas normal dans un pays développé d’institutio­nnaliser un point de passage irrégulier dans un bois et d’y concentrer la très grande majorité de l’immigratio­n irrégulièr­e. Cette politique, qui, doit-on le rappeler, est un choix politique du gouverneme­nt Trudeau, contribue à mettre les services publics du Québec sous pression, considéran­t la limite des ressources humaines et physiques disponible­s. En empêchant les demandeurs d’asile de se présenter aux postes frontalier­s, c’est cette entente qui ferme des portes.

En cela, la position de M. Lisée demeure beaucoup plus humaniste et ouverte que ce que les bien-pensants de la rectitude politique laissent entendre. Les enjeux contempora­ins liés à l’immigratio­n nécessiten­t d’agir avec humanité et fermeté. Dans un monde marqué par des déséquilib­res majeurs, c’est une condition pour garantir la pérennité et le caractère universel de notre système de protection sociale. En tout respect, je me serais attendu à plus de courage politique de la part du chef de l’opposition officielle et de son caucus.

Alexandre Bouvier

Montréal, le 28 avril 2018

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