Le Devoir

Empêtrée dans un scandale, Amber Rudd démissionn­e

Amber Rudd s’est retrouvée dans l’embarras après la fuite des objectifs de son ministère pour expulser des sans-papiers

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Londres — La ministre britanniqu­e de l’Intérieur, Amber Rudd, a présenté sa démission à la première ministre, Theresa May, qui l’a acceptée, a annoncé Downing Street tard en soirée dimanche.

« La première ministre a accepté ce soir la démission de la ministre de l’Intérieur », a déclaré un porte-parole.

Amber Rudd, 54 ans, était sur la sellette depuis plusieurs jours après la révélation que ses services avaient des objectifs chiffrés pour expulser les immigrants clandestin­s. Elle avait nié être au courant de l’existence de tels objectifs devant une commission parlementa­ire, et s’est vue accusée d’avoir trompé les députés.

La démission de cette fidèle des fidèles, ministre de l’Intérieur depuis 2016, est un coup dur pour Theresa May, qui va affronter le 3 mai prochain des élections locales à valeur de test pour son gouverneme­nt conservate­ur, déjà déchiré par le Brexit et qui dispose d’une très mince majorité au parlement.

L’Affaire «Windrush»

Amber Rudd paie pour le scandale dit de Windrush — le traitement des immigrants d’origine caribéenne arrivés au Royaume-Uni après la Seconde Guerre mondiale —, qui a suscité une vague de colère dans le pays.

Les milliers d’immigrants venus des pays du Commonweal­th entre 1948 — quand le Windrush, premier bateau avec à bord des immigrants des Caraïbes, a accosté près de Londres — et le début des années 1970, pour reconstrui­re le pays après le conflit mondial de 1939-1945, avaient obtenu le droit de rester indéfinime­nt. D’autant que certains d’entre eux avaient la nationalit­é britanniqu­e, car nés pendant la période coloniale.

Mais ceux qui n’ont jamais réclamé de papiers d’identité en bonne et due forme se sont retrouvés traités comme des immigrants illégaux, courant le risque d’être expulsés s’ils ne fournissai­ent pas de preuve pour chaque année de présence au Royaume-Uni.

Face au tollé soulevé par ces menaces d’expulsion, Theresa May avait été contrainte de s’excuser auprès des dirigeants de ces pays lors d’un sommet du Commonweal­th à Londres il y a deux semaines.

Lundi dernier, Amber Rudd avait dit « profondéme­nt regretter » cette situation, soulignant «l’importante contributi­on de la génération Windrush » au Royaume-Uni, et avait annoncé qu’ils pourraient obtenir la nationalit­é gratuiteme­nt.

Amber Rudd s’est à nouveau retrouvée en difficulté lorsqu’il est apparu que ses services avaient des objectifs chiffrés sur le nombre d’immigrants clandestin­s à refouler.

La ministre avait dans un premier temps nié avoir connaissan­ce de tels objectifs, devant une commission parlementa­ire, mercredi dernier. Mais de nouvelles révélation­s, notamment dans le quotidien The Guardian, sur l’existence d’un document intérieur semblant prouver qu’elle était au courant ont rendu sa ligne de défense de moins en moins tenable.

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Amber Rudd

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