Ellis, Carli et l’attraction universelle
LES PLANÈTES: GÉNIAL! Gustav Holst : Les planètes. Ensemble Gaïa et Les petites voix du Plateau (chef de choeur: Roseline Blain), Orchestre Métropolitain, Nicolas Ellis. Animation: Martin Carli. Projection d’images du NASA’s Goddard Space Flight Center. Maison symphonique de Montréal, dimanche 29 avril.
En regardant ma montre à la fin du spectacle Les planètes: génial!, associant l’Orchestre Métropolitain et le scientifique et animateur Martin Carli, je n’en croyais pas mes yeux. Une heure et demie sans entracte devant un public comprenant de très nombreux enfants souvent fort jeunes (entre 4 et 10 ans) sans signe de dissipation ou d’agacement, sans relâchement d’attention! Quelques toux à peine, nettement moins qu’ailleurs…
Des applaudissements enthousiastes et bon enfant (c’est le cas de le dire!) saluaient chacune des planètes, celles-ci jouées deux par deux, sauf Saturne, isolée. Les stimuli étaient donc assez nombreux en ce dimanche pour attirer universellement l’attention de tous types de publics: quatre séquences musicales d’une dizaine de minutes en moyenne, rehaussées par des projections et un éclairage de scène étudié (la rougeoyante Mars) et entrecoupées par une animation astucieuse et inattendue.
Expériences originales
Martin Carli a formé un excellent tandem avec Nicolas Ellis et le Métropolitain en trouvant une voie originale. Il a su à la fois mettre en contexte l’oeuvre, au début, en parlant d’astronomie et d’astrologie en des termes accessibles, puis a dévié sur de petites expériences scientifiques (gravitation, etc.) ponctuées de petits jeux-questionnaires destinés à la salle qui participait de bon coeur.
Tout cela n’était pas anodin. La synchronisation progressive, par transmission des forces, de quatre métronomes placés sur une planche de verre posée sur deux canettes est astucieusement en phase avec le (métronomique) début de Saturne, rehaussé par les plus belles images de l’après-midi. Grands et petits ont appris des choses de manière ludique. La démonstration sur la fabrication d’une minifusée aura des conséquences sur les plafonds de certaines demeures…
Musicalement, il était intéressant d’écouter Nicolas Ellis, qui, après avoir achevé son mandat de chef assistant de l’OSQ, deviendra, pour les deux saisons à venir, le collaborateur artistique de l’Orchestre Métropolitain, un titre créé pour lui. Ce partenariat est gagnant-gagnant : les musiciens aiment ce jeune chef, auquel Yannick Nézet-Séguin met à disposition un orchestre qui lui permettra de se développer dans les meilleures conditions.
Chose encourageante d’emblée: Nicolas Ellis n’est pas intimidé par le Métropolitain. Contrairement à certains chefs invités, il n’hésite pas à pousser les musiciens, comme en témoigne le tempo soutenu de Mars. Le style du chef est très direct: dans Holst, il ne s’embarrasse pas de pompes héritées d’Elgar (Jupiter) et a la sagesse de ne pas se laisser enivrer des sonorités d’Uranus ou de Saturne, dont il dose le crescendo avec méthode. Cela dit, Ellis ne prend aucun risque: dans Neptune, il relève les nuances, car chanter plus fort permet de chanter plus juste.
Un petit couac dans le concert, quand Martin Carli, sorti de scène, a laissé ouvert son micro au début de Mercure. La situation aurait pu être fort embarrassante. Heureusement, il semblait plutôt joyeux et n’a pas proféré de jurons !
Martin Carli a formé un excellent tandem avec Nicolas Ellis et le Métropolitain en trouvant une voie originale