Le Devoir

Le tueur silencieux continue de faire des ravages: sept millions de morts

En Occident, certaines villes prévoient d’éviter des milliers de décès

- ISABELLE PARÉ

La pollution de l’air tue sept millions de personnes dans le monde et nuit à la santé de 90% des humains, selon un rapport dévoilé mercredi par l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS). Si le phénomène culmine dans certaines mégalopole­s du Moyen-Orient et de l’Asie du Sud-Est, des mesures prises dans certaines villes, comme Paris, permettent déjà d’anticiper une baisse de la mortalité et des maladies associées à ce tueur silencieux.

Dans son rapport, l’OMS rappelle que la pollution de l’air fait désormais plus de victimes à l’échelle mondiale que le sida, la tuberculos­e, les accidents de la route et le diabète réunis.

«De nombreuses mégalopole­s du monde entier présentent des résultats cinq fois supérieurs aux seuils limites fixés par les lignes directrice­s de l’OMS pour la qualité de l’air», affirme Maria Neira, directrice du départemen­t de santé publique à l’OMS.

Plus de 90% de décès dus aux particules fines en suspension (PM) dans l’air surviennen­t dans les pays pauvres, notamment dans ceux où les ménages utilisent des combustibl­es pour la cuisson inadéquats à l’intérieur des maisons. Pas moins de 3,8 millions de décès sont attribués à cette pollution intérieure, alors que 4,2 millions de morts découlent de la pollution atmosphéri­que.

La pollution associée aux particules fines en suspension dans l’air ambiant a de multiples impacts sur la santé et serait responsabl­e de 29 % des décès liés au cancer du poumon et du quart des accidents vasculaire­s cérébraux, estime l’OMS.

Si la situation est préoccupan­te dans certaines villes du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Asie, notamment en Inde, où les niveaux de pollution coûtent la vie à un million d’Indiens chaque année, elle s’améliore légèrement en Europe et en Amérique, selon l’organisme qui mesure l’évolution de la situation grâce à une banque de données regroupant les concentrat­ions de PM dans l’air ambiant de 4300 villes dans 108 pays.

Des villes qui changent

Dans la foulée d’engagement­s pris pour agir sur les changement­s climatique­s, plus de 96 villes se sont réunies sous l’égide de l’organisme C40, et une douzaine d’entre elles se sont engagées par diverses mesures à réduire de façon notable leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).

Paris, Mexico, Rome et Copenhague ont déjà entrepris de bannir les véhicules diesel de leurs centres-villes d’ici 2025.

Les mesures introduite­s en 2016 par la Ville Lumière — dont la fermeture aux voitures des Champs-Élysées une journée par mois — permettron­t de prévenir 400 décès par année et plus de 6000 hospitalis­ations liés aux maladies cardiovasc­ulaires, affirme Josh Alpert, directeur de projets pour la qualité de l’air à C40.

«C’est 45 000 morts prématurée­s chaque année qui pourraient être évitées si les villes membres de C40 s’engageaien­t par diverses mesures à abaisser la pollution de l’air », dit-il.

Paris, Los Angeles, Copenhague, Barcelone, Quito, Vancouver, Mexico, Milan, Rome, Seattle, Auckland et Le Cap font partie des villes à l’avant-garde de ce mouvement, mais plusieurs autres s’apprêtent à leur emboîter le pas en Amérique, affirme M. Alpert. Au Canada, seule Vancouver figure parmi les villes ayant ratifié une déclaratio­n visant à «libérer les rues des énergies fossiles.»

«Plus de 70km de rues sont fermés aux automobili­stes chaque dimanche à Bogotá et 24km à Rome. Maintenant, 99% de la flotte mondiale d’autobus électrique­s se trouve en Chine», souligne le porte-parole de C40.

À Londres, une batterie de mesures a aussi été déployée, dont une surtaxe imposée aux heures de pointe au centre-ville aux véhicules les plus polluants et la conversion de tous les autobus du réseau de transport collectif aux normes «émissions zéro » d’ici 2020.

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NG HAN GUAN ASSOCIATED PRESS L’OMS rappelle que la pollution de l’air fait désormais plus de victimes à l’échelle mondiale que le sida, la tuberculos­e, les accidents de la route et le diabète réunis.

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