Le tueur silencieux continue de faire des ravages: sept millions de morts
En Occident, certaines villes prévoient d’éviter des milliers de décès
La pollution de l’air tue sept millions de personnes dans le monde et nuit à la santé de 90% des humains, selon un rapport dévoilé mercredi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Si le phénomène culmine dans certaines mégalopoles du Moyen-Orient et de l’Asie du Sud-Est, des mesures prises dans certaines villes, comme Paris, permettent déjà d’anticiper une baisse de la mortalité et des maladies associées à ce tueur silencieux.
Dans son rapport, l’OMS rappelle que la pollution de l’air fait désormais plus de victimes à l’échelle mondiale que le sida, la tuberculose, les accidents de la route et le diabète réunis.
«De nombreuses mégalopoles du monde entier présentent des résultats cinq fois supérieurs aux seuils limites fixés par les lignes directrices de l’OMS pour la qualité de l’air», affirme Maria Neira, directrice du département de santé publique à l’OMS.
Plus de 90% de décès dus aux particules fines en suspension (PM) dans l’air surviennent dans les pays pauvres, notamment dans ceux où les ménages utilisent des combustibles pour la cuisson inadéquats à l’intérieur des maisons. Pas moins de 3,8 millions de décès sont attribués à cette pollution intérieure, alors que 4,2 millions de morts découlent de la pollution atmosphérique.
La pollution associée aux particules fines en suspension dans l’air ambiant a de multiples impacts sur la santé et serait responsable de 29 % des décès liés au cancer du poumon et du quart des accidents vasculaires cérébraux, estime l’OMS.
Si la situation est préoccupante dans certaines villes du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Asie, notamment en Inde, où les niveaux de pollution coûtent la vie à un million d’Indiens chaque année, elle s’améliore légèrement en Europe et en Amérique, selon l’organisme qui mesure l’évolution de la situation grâce à une banque de données regroupant les concentrations de PM dans l’air ambiant de 4300 villes dans 108 pays.
Des villes qui changent
Dans la foulée d’engagements pris pour agir sur les changements climatiques, plus de 96 villes se sont réunies sous l’égide de l’organisme C40, et une douzaine d’entre elles se sont engagées par diverses mesures à réduire de façon notable leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).
Paris, Mexico, Rome et Copenhague ont déjà entrepris de bannir les véhicules diesel de leurs centres-villes d’ici 2025.
Les mesures introduites en 2016 par la Ville Lumière — dont la fermeture aux voitures des Champs-Élysées une journée par mois — permettront de prévenir 400 décès par année et plus de 6000 hospitalisations liés aux maladies cardiovasculaires, affirme Josh Alpert, directeur de projets pour la qualité de l’air à C40.
«C’est 45 000 morts prématurées chaque année qui pourraient être évitées si les villes membres de C40 s’engageaient par diverses mesures à abaisser la pollution de l’air », dit-il.
Paris, Los Angeles, Copenhague, Barcelone, Quito, Vancouver, Mexico, Milan, Rome, Seattle, Auckland et Le Cap font partie des villes à l’avant-garde de ce mouvement, mais plusieurs autres s’apprêtent à leur emboîter le pas en Amérique, affirme M. Alpert. Au Canada, seule Vancouver figure parmi les villes ayant ratifié une déclaration visant à «libérer les rues des énergies fossiles.»
«Plus de 70km de rues sont fermés aux automobilistes chaque dimanche à Bogotá et 24km à Rome. Maintenant, 99% de la flotte mondiale d’autobus électriques se trouve en Chine», souligne le porte-parole de C40.
À Londres, une batterie de mesures a aussi été déployée, dont une surtaxe imposée aux heures de pointe au centre-ville aux véhicules les plus polluants et la conversion de tous les autobus du réseau de transport collectif aux normes «émissions zéro » d’ici 2020.