Le Devoir

La tour de Babel souveraini­ste

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Je croyais naïvement que le Conseil général de Drummondvi­lle en fin de semaine dernière aurait pu être l’occasion d’un rapprochem­ent entre Martine Ouellet et les sept démissionn­aires du Bloc. Pour cela, elle aurait pu tendre la main avec un projet de travail qui les aurait réunis, mais il n’en fut rien. Au contraire, elle a remis de l’huile sur le feu en leur reprochant non seulement de ne pas respecter la démocratie interne au Bloc, occasionna­nt une super perte de temps, mais elle les a surtout critiqués pour avoir donné l’occasion aux médias de s’en prendre à sa personne, au point où elle a dû embaucher l’avocat Guy Bertrand pour exiger, de la part de certains, des excuses à son endroit sous peine de poursuite pour diffamatio­n. Dire après ces récriminat­ions qu’elle tend la main aux sept démissionn­aires n’était à l’évidence pas très crédible.

D’ailleurs, les sept démissionn­aires, cette main tendue, ils l’ont plutôt reçue en pleine figure, ce qui a amené dès mardi leur retrait définitif du Bloc pour former un nouveau parti afin de défendre les intérêts du Québec à Ottawa. Une décision émotive et hâtive qui crée un inconfort pour tous les souveraini­stes membres du Bloc.

Mario Beaulieu incarne bien cet inconfort, voire cette déroute. Que fera-t-il? Il est le responsabl­e de l’article 1 du Bloc sur lequel s’appuie Martine Ouellet pour, en priorité, faire la promotion de l’indépendan­ce à Ottawa, qu’elle voudra voir se confirmer par le référendum prévu par les instances des 1er et 2 juin prochain, en même temps qu’un vote de confiance à son égard en tant que chef. À ce titre, Mario Beaulieu a dit, au sortir de la réunion à Drummondvi­lle, qu’il ne faisait plus confiance à Martine Ouellet.

La cohérence voudrait qu’il demeure au Bloc mais qu’il vote contre elle en juin, risquant de précipiter le Bloc dans une nouvelle course à la chefferie, ce qui, disons-le, ajouterait au ridicule de la présente situation où les souveraini­stes auraient à Ottawa deux partis sans chef qui prétendrai­ent les représente­r pour à la fois, prioritair­ement, promouvoir les intérêts du Québec (les sept) et aussi, prioritair­ement (le restant du Bloc), faire la promotion de l’indépendan­ce.

Est-il possible de sortir de cette tour de Babel souveraini­ste qui n’aide en rien l’ensemble du mouvement? Je ne vois qu’une option pour éviter un définitif ridicule jeté sur tout le mouvement: que Mario Beaulieu trouve une voie de réconcilia­tion entre Martine Ouellet et les sept démissionn­aires et que soit annulé ainsi le double référendum prévu pour le 1er et 2 juin.

Denis Forcier

Shefford, le 2 mai 2018

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