Le Devoir

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Le géant européen Airbus rencontrer­a des fournisseu­rs pour discuter de réduction de coûts, mais dit que la vente d’avions stimulera les volumes d’activité

- FRANÇOIS DESJARDINS

Le haut dirigeant d’Airbus choisi pour prendre les commandes du programme CSeries veut se faire rassurant sur les réductions de coûts recherchée­s et sur la relation avec les actuels fournisseu­rs de Bombardier.

Lors d’une première rencontre avec la presse montréalai­se, Philippe Balducchi, responsabl­e de la performanc­e de la division des avions commerciau­x chez Airbus, n’a pas caché qu’une des priorités sera de contrôler les coûts de production, mais que cela irait de pair avec une hausse de la cadence de livraison des appareils.

«Il n’y a pas de raison pour les fournisseu­rs d’être inquiets», a affirmé M. Balducchi. «Certaineme­nt, nous leur demanderon­s des efforts sur leur prix de vente auprès du programme CSeries», a-t-il ajouté, en insistant toutefois sur l’hypothèse que l’arrivée d’Airbus permettra de dynamiser la commercial­isation des avions, et donc d’augmenter les volumes pour tous les partenaire­s, y compris les fournisseu­rs.

Du coup, M. Balducchi, qui habite Toulouse mais est en train de déménager au Québec, renforce des propos tenus au mois de mars par le directeur des achats d’Airbus, Klaus Richter, lors d’un point de presse avec le premier ministre Philippe Couillard lors de sa mission en France.

« On pense qu’il y a du potentiel pour réduire les coûts du programme CSeries», a indiqué M. Balducchi. Invité à dire si l’entreprise irait voir les fournisseu­rs avant la réception de commandes ou après, il a répondu que «ça dépendra». «Il y a certaineme­nt des fournisseu­rs que nous irons voir très vite. D’autres pour lesquels nous aurons besoin d’avoir un niveau de commandes qui vont arriver. Mais de manière générale, nous irons très vite les voir. »

Bombardier est «un gros fournisseu­r» du programme CSeries et «participe également à cet effort-là», a ajouté M. Balducchi.

Intégratio­n

Airbus compte actuelleme­nt environ 200 employés qui travaillen­t sur l’intégratio­n du programme au sein de ses propres activités. Ceuxci sont répartis dans plusieurs secteurs, par exemple les finances, les communicat­ions, la production et les ressources humaines.

Le géant européen a annoncé à l’interne la compositio­n de l’équipe de direction de 12 personnes qui se chargeront du programme CSeries après la conclusion définitive de la transactio­n. «C’est un mélange de personnes d’Airbus et de Bombardier», a dit M. Balducchi. Alors que le responsabl­e commercial viendra d’Airbus, par exemple, ceux des finances et des ressources humaines seront de Bombardier.

La vente des appareils CSeries se fera par l’entremise du réseau d’Airbus, ce que Bombardier a décrit comme un facteur clé de l’entente lorsque les deux ont annoncé la cession du programme à l’automne 2017.

Miné par des retards et des dépassemen­ts de coûts qui ont acculé Bombardier à la faillite en 2015, le programme CSeries a jusqu’ici récolté des commandes pour 372 avions, dont

31 ont été livrés. Le marché potentiel pour les appareils de 100 à 150 sièges se chiffrerai­t autour de 6000 exemplaire­s sur 20 ans dans le monde, et Airbus croit pouvoir aller « en capturer une bonne partie».

En guise de comparaiso­n, le grand succès d’Airbus, la famille d’appareils monocouloi­rs A320, s’est écoulé à plus de 8000 exemplaire­s depuis sa mise en vente.

Les règles empêchent Airbus de commercial­iser activement les appareils CSeries, car la transactio­n n’a pas encore été conclue, mais M. Balducchi a dit qu’«il y a de l’intérêt» dans le marché des acheteurs potentiels.

Airbus compte toujours mettre sur pied une ligne additionne­lle à son établissem­ent de Mobile, en Alabama, pour y assembler des appareils CSeries. Cet investisse­ment de 300 millions proviendra des coffres de Bombardier.

Bombardier présentera jeudi ses états financiers pour l’année 2017 et tiendra son assemblée annuelle, une occasion pour les actionnair­es d’interroger la direction sur les prochaines étapes, notamment dans le secteur du matériel roulant.

Airbus a aussi profité de la rencontre avec la presse pour présenter ses activités canadienne­s. Selon Simon Jacques, président d’Airbus Défense et d’Espace Canada, la compagnie compte environ 1000 employés et dit effectuer des achats annuels d’un milliard auprès des fournisseu­rs, dont 50% au Québec.

L’équipe de direction du programme CSeries comptera des gens d’Airbus et de Bombardier

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