Le Devoir

Indemnisat­ion historique des mineurs victimes de la silicose

- BÉATRICE DEBU PHILIPPE ALFROY à Johannesbu­rg

Plusieurs dizaines de milliers de mineurs victimes de la silicose et de tuberculos­e dans les mines sud-africaines vont être indemnisés en vertu d’un accord historique d’un montant de plus de 5 milliards de rands (510 millions $CAD) avec plusieurs géants du secteur.

Cette transactio­n, annoncée jeudi au terme de trois années d’intenses négociatio­ns, est la première du genre conclue en Afrique du Sud, alors qu’une plainte en nom collectif dans le secteur minier avait été lancée.

«C’est un accord historique», s’est réjoui devant la presse à Johannesbu­rg le ministre de la Santé, Aaron Motsoaledi.

«L’accord offre des compensati­ons significat­ives à tous les mineurs concernés», se sont félicités les groupes miniers et les plaignants dans un communiqué commun.

La somme de 5 milliards de rands correspond aux provisions déjà budgétées par les six groupes miniers impliqués dans l’accord, African Rainbow Minerals, Anglo American, AngloGold Ashanti, Harmony Gold, Gold Fields et Sibanye Stillwater.

«Ces 5,2 milliards de rands sont une estimation qui pourrait augmenter en fonction du nombre de plaignants admissible­s», a précisé un avocat ayant participé aux négociatio­ns, John Brand.

Plus de 100 000 mineurs qui ont travaillé dans les mines d’or d’Afrique du Sud depuis 1965 pourraient être indemnisés, selon ses estimation­s.

Après examens médicaux, ils recevront entre 10 000 et 250 000 rands (entre 1000 et 25 400 $), une somme calculée en fonction de l’état de santé du requérant.

Les veuves des mineurs décédés de silicose ou de tuberculos­e seront également admissible­s à des dédommagem­ents.

«L’objectif était de tenir l’industrie aurifère pour responsabl­e des énormes dommages qu’elle a causés à ses salariés pendant des années et d’offrir des compensati­ons aux familles des mineurs et des anciens mineurs», a souligné devant la presse l’un des avocats des plaignants, Richard Spoor.

Les mineurs avaient obtenu en 2016, de la Haute Cour de Johannesbu­rg, l’autorisati­on d’engager une action collective contre leurs employeurs, une première dans ce secteur.

Ils affirment avoir contracté la silicose ou la tuberculos­e en étant contraints par leurs employeurs de travailler pendant des années dans des conditions jugées dangereuse­s.

Surnommée «le mal des mineurs», la silicose est provoquée par l’inhalation de poussières de silice, notamment lors du forage de roches. Elle affecte les poumons de manière irréversib­le, mais est évitable en portant des équipement­s de protection.

«C’est un grand jour, une grande victoire», a souligné Mark Heywood, directeur de l’ONG Section 27. «Mais ce n’est pas le bout du chemin » car, dans ce genre de dossier, on constate que des personnes ne réclament pas leurs droits, faute d’informatio­ns. De nombreux mineurs malades sont originaire­s de pays voisins, comme le Botswana, le Swaziland, le Lesotho ou encore le Mozambique.

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