L’ancien p.-d.g. de Volkswagen poursuivi aux États-Unis
New York — Les autorités américaines ont engagé jeudi des poursuites judiciaires contre Martin Winterkorn, l’ancien p.-d.g. de Volkswagen, et cinq autres dirigeants du groupe automobile allemand, accusés de s’être entendus pour faire installer un logiciel destiné à fausser les émissions polluantes de certains modèles.
Ils «ont sciemment et délibérément commis une fraude» pour contourner les lois américaines en matière de pollution, peut-on lire dans des documents judiciaires déposés devant un tribunal de Detroit, dans le Michigan. Le but « de la conspiration était d’enrichir illégalement VW et de les enrichir eux-mêmes en trompant les régulateurs pour obtenir les certifications nécessaires afin de commercialiser des véhicules diesel VW aux ÉtatsUnis, et de les vendre aux consommateurs américains sachant de toute évidence que ces véhicules étaient conçus pour déjouer les règles standard en matière d’émissions», accuse-t-on de même source.
Cette «conspiration» a pris effet «d’au moins mai 2006» à «au moins novembre 2015», mais M. Winterkorn n’a personnellement été mis au courant qu’en mai 2014, un an au moins avant que le scandale n’éclate au grand jour. Les autorités américaines indiquent avoir en leur possession des courriels échangés entre des employés de Volkswagen, qui mettaient souvent en copie certains des dirigeants mis en cause. Richard Dorenkamp, Heinz-Jakob Neusser, Jens Hadler, Bernd Gottweis et Jürgen Peter sont les cinq autres dirigeants inculpés par le département de la Justice.
Oliver Schmidt, à la tête du service de conformité réglementaire de VW aux ÉtatsUnis de 2014 à mars 2015, avait accepté en décembre de plaider coupable dans cette affaire et de coopérer avec les autorités américaines après avoir été arrêté à Miami, où il passait des vacances. Il avait été condamné à une peine de sept ans de prison et reçu une amende de 400 000 $US.
Volkswagen avait reconnu à l’automne 2015 avoir équipé 11 millions de ses voitures diesel, dont environ 600 000 aux États-Unis, d’un logiciel capable de fausser le résultat des tests antipollution et dissimulant des émissions dépassant parfois jusqu’à 40 fois les normes autorisées. Le scandale a déjà coûté au constructeur plus de 25 milliards de dollars en rappels de véhicules et procédures judiciaires. Des actions collectives ont également été déposées.
Le géant allemand de l’automobile s’est efforcé de tourner la page du scandale en débarquant il y a peu Matthias Müller, appelé à remplacer Martin Winterkorn au plus fort de la tourmente. M. Müller fait luimême l’objet d’une enquête dans cette affaire.