Le Devoir

Une école pour gars seulement à Sherbrooke

- MARCO FORTIER

C’est la seule école secondaire francophon­e du Québec réservée aux garçons. Ici, la majorité des membres du personnel sont des hommes. Les élèves font du sport, étudient en plein air et peuvent être désorganis­és sans craindre de se faire juger.

«On va chercher des élèves qui ont envie de pouvoir développer leur identité dans un milieu où, être un garçon, ce n’est pas un problème. Souvent, dans une école mixte, avoir de l’énergie, ça peut être négatif. Avoir des problèmes d’organisati­on, ça peut être négatif. Chez nous, les garçons peuvent être eux-mêmes», dit Nathalie Marceau, directrice du Collège du Mont-Sainte-Anne, à Sherbrooke.

Cette école privée subvention­née est réservée aux garçons depuis sa fondation il y a 70 ans. Nathalie Marceau reconnaît que la recette de l’enseigneme­nt au masculin n’est pas universell­e: bien sûr, ce ne sont pas tous les gars qui ont un besoin viscéral de bouger. Des garçons qui savent bien s’organiser, ça existe aussi. Tout comme il y a des filles qui ont envie de bouger. Mais l’essentiel, c’est

que la méthode du Collège du Mont-Sainte-Anne fonctionne pour les élèves qui choisissen­t d’étudier ici.

D’abord, une précision: ce n’est pas une école réservée à «l’élite». Il n’y a pas de test d’admission (mais plutôt un test de sélection, pour connaître le profil des élèves). Plus de 100 élèves sur 250 ont un plan d’interventi­on pour des troubles d’apprentiss­age comme un déficit d’attention, la dyslexie ou la dyspraxie.

Au Collège, l’enseigneme­nt est adapté aux garçons. Les lectures obligatoir­es plaisent aux gars — la série Cherub, la série C’est la faute à… Les professeur­s donnent des exemples concrets, expliquent davantage le pourquoi des consignes. Les cours prennent place à l’extérieur, dans une classe en plein air, lorsque le temps le permet. Et le personnel majoritair­ement masculin donne des modèles positifs aux élèves.

«On sait que la diplomatio­n est plus basse chez les garçons. Comme société, on hésite pourtant à se demander ce qu’on peut faire pour aider les garçons, dit Nathalie Marceau. Il n’y a pas de recherche au Québec sur la réussite scolaire des gars. Il y a des courants de pensée qui disent que si on se met à penser aux garçons, peut-être qu’on va enlever des acquis aux filles. Mais on doit trouver une explicatio­n scientifiq­ue et des solutions établies sur des données probantes pour la réussite des garçons. »

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