Le Devoir

D’autres départs.

- MARIE-MICHÈLE SIOUI Correspond­ante parlementa­ire à Québec Avec Karl Rettino-Parazelli Le Devoir

David Heurtel (PLQ) et Amir Khadir (QS) ne seront pas candidats aux prochaines élections.

Le ministre de l’Immigratio­n, David Heurtel, a confirmé vendredi qu’il ne solliciter­a pas de nouveau mandat à l’élection d’octobre 2018, devenant ainsi le quatrième ministre libéral à confirmer son départ de la vie politique.

Le député de Viau a mis fin aux rumeurs sur son départ dans un message publié sur les médias sociaux.

«Dans les derniers mois, la maladie a frappé ma famille. Ce contexte est pour moi incompatib­le avec l’exigence d’un prochain mandat, a-t-il écrit. J’ai donc décidé de passer à un dernier chapitre de ma vie profession­nelle. Conséquemm­ent, je ne serai pas candidat aux prochaines élections. »

David Heurtel a été élu pour la première fois en décembre 2013, lors d’une élection partielle dans la circonscri­ption de Viau. Il a conservé la circonscri­ption à l’élection générale de 2014 et obtenu par la suite le portefeuil­le de l’Environnem­ent. Il a été nommé ministre de l’Immigratio­n en octobre 2017.

«Je voudrais lui rendre hommage», a déclaré le premier ministre Philippe Couillard, quelques heures après l’annonce du départ du ministre. «Autant à l’Environnem­ent, où il a joué un rôle important dans la stature du Québec sur la scène internatio­nale dans la lutte contre les changement­s climatique­s et avec, également, la réforme de la Loi québécoise sur la qualité de l’environnem­ent, qui n’avait pas été faite depuis des décennies. »

Un mandat houleux

Le mandat de David Heurtel au ministère de l’Environnem­ent a été ponctué de controvers­es. Dès 2014, il a été montré du doigt en raison du cafouillag­e entourant les travaux de forage de la pétrolière TransCanad­a dans une pouponnièr­e de bélugas, au large de Cacouna. Le ministre a aussi dû justifier sa décision d’autoriser le déversemen­t de huit milliards de litres d’eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent, un épisode surnommé le «flushgate».

Il a aussi été à la base d’un règlement maintenant la mainmise politique sur les nomination­s

au Bureau d’audiences publiques sur l’environnem­ent et fut au coeur d’un conflit avec 230 municipali­tés, auxquelles il a refusé le droit d’adopter des règles plus strictes que celles mises en place par Québec afin de protéger les sources d’eau potable lors des forages pétroliers et gaziers.

Au Salon bleu, David Heurtel s’est imposé comme un adversaire redoutable. Le Parti libéral l’a notamment envoyé au front pour prendre la défense de son collègue Carlos Leitão, qui avait auparavant déclaré que la Coalition avenir Québec formulait des propositio­ns relevant du «nationalis­me ethnique». Lors du remaniemen­t d’octobre 2017, le premier ministre lui a confié les rênes du ministère de l’Immigratio­n, afin qu’il remette sur les rails l’épineux dossier de la consultati­on sur la discrimina­tion systémique et le racisme. Plus récemment, il a défendu à Ottawa la volonté ferme de Québec d’obtenir une compensati­on financière pour sa prise en charge de demandeurs d’asile.

Pour l’ensemble de son oeuvre, le premier ministre Philippe Couillard a déclaré qu’il «le remercie beaucoup». « Nous, on va de l’avant », a-t-il ajouté.

L’équipe que présentera le chef libéral au scrutin d’octobre sera passableme­nt renouvelée: au total, 13 des 67 élus libéraux (20% du caucus) ont déjà annoncé qu’ils ne brigueront pas les suffrages. Avant David Heurtel, les ministres Stéphanie Vallée, Jean-Marc Fournier et Martin Coiteux ont annoncé leur départ de la vie politique au terme de la législatur­e actuelle. Deux autres ministres — Laurent Lessard et Geoffrey Kelley — sont toujours en réflexion, tout comme le président de l’Assemblée nationale, Jacques Chagnon. Des rumeurs envoient aussi la ministre du Tourisme, Julie Boulet, à la retraite de la vie politique.

«Ça crée aussi des occasions favorables», a déclaré en anglais Philippe Couillard. Il refuse de voir dans les départs des membres de son caucus une conséquenc­e des sondages récents, qui placent la Coalition avenir Québec en tête des intentions de vote. «Nous renouvelon­s notre équipe, plusieurs personnes lèvent la main pour se présenter pour nous, dans diverses circonscri­ptions», a-t-il assuré.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR David Heurtel a d’abord été ministre de l’Environnem­ent pour ensuite passer à l’Immigratio­n.

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