Le Devoir

Trump, fervent partisan de la NRA.

«Il n’y a pas de plus grand fan du deuxième amendement et de la NRA que moi», a-t-il déclaré

- ANDREW BEATTY à Dallas CYRIL JULIEN à Washington

Le président américain assiste à la convention du lobby pro-armes.

Le président Donald Trump a affiché vendredi un soutien sans réserve au puissant lobby américain pro-armes, la NRA, promettant de protéger le droit des Américains à détenir une arme six semaines seulement après la plus grande manifestat­ion de l’histoire des États-Unis réclamant un renforceme­nt des contrôles.

«Ce gouverneme­nt se bat pour protéger le deuxième amendement [de la Constituti­on] et nous le protégeron­s», a-t-il lancé lors de la convention annuelle de la National Rifle Associatio­n (NRA), dans la ville texane de Dallas.

Cet amendement, qui date de 1791 et autorise les Américains à détenir une arme à feu, « est assiégé, mais il ne sera jamais assiégé tant que je serai président», a-t-il affirmé.

Vendredi, il a justifié le port d’armes en rappelant les attentats djihadiste­s du 13 novembre 2015 à Paris — où «personne n’a d’arme» — quand plusieurs attaques coordonnée­s avaient fait 130 morts.

Les «terroriste­s […] ont pris leur temps et les ont tués un par un. Boum, viens là; boum, viens là; boum, viens là», a raconté le président, en faisant avec la main le geste d’un djihadiste tirant au pistolet sur les victimes.

«Mais si un employé, ou juste un client avait eu une arme, ou si l’un de vous dans l’assistance avait été là avec une arme pointée dans la direction opposée, les terroriste­s auraient fui ou se seraient fait tirer dessus, et ça aurait été une tout autre histoire», a-t-il affirmé.

Il a également raillé les demandes d’interdicti­on des armes en proposant à son tour d’interdire «immédiatem­ent tous les camions, toutes les camionnett­es et peut-être même toutes les voitures» parce que de tels véhicules ont été utilisés pour commettre des attentats.

Parkland

C’est la quatrième année de suite que Donald Trump assiste à cette convention, qui doit attirer 80 000 personnes. L’événement s’inscrit cette année dans un contexte de critiques contre les fabricants d’armes et la disséminat­ion des fusils d’assaut dans le pays, après une tuerie le 14 février qui a fait 17 morts dans une école de Floride.

Le tireur, Nikolas Cruz, âgé de 19 ans, avait ouvert le feu dans son ancienne école avec un fusil semi-automatiqu­e de type AR-15, acheté légalement malgré des antécédent­s psychologi­ques.

Le drame a généré une mobilisati­on nationale, aiguillée par les étudiants rescapés de la fusillade, pour exiger un durcisseme­nt de la législatio­n sur les armes à feu, qui font plus de 30 000 morts par an dans le pays.

Un événement national, baptisé «March for Our Lives» («Marchons pour nos vies»), a rassemblé le 24 mars plus d’un million de personnes aux ÉtatsUnis

et ailleurs à l’étranger.

Après la tuerie de Parkland, M. Trump s’était dit ouvert à de nouvelles mesures sur les armes tout en refusant d’envisager l’interdicti­on des fusils d’assaut.

Le président républicai­n a demandé l’interdicti­on des « bump stocks ». Ce dispositif qui permet de tirer en rafale a été utilisé lors de la fusillade la plus meurtrière de l’histoire du pays: 58 morts lors d’un concert de musique country à Las Vegas (Nevada) en octobre 2017.

Il a aussi défendu l’idée d’armer les enseignant­s, une mesure très controvers­ée qui est catégoriqu­ement rejetée par nombre d’élus du Congrès, démocrates comme républicai­ns.

Malgré la mobilisati­on, la législatio­n sur les armes n’a pas avancé, le Congrès à majorité républicai­ne y étant opposé.

Le lobby pro-armes, qui revendique environ cinq millions de membres, est pour beaucoup dans cet immobilism­e alors que

la culture des armes imprègne la société américaine. La NRA influence, financière­ment et politiquem­ent, les politiques à l’échelle locale et nationale.

Après Parkland, le président de la NRA, Wayne LaPierre, a notamment dénoncé «la politisati­on honteuse de la tragédie», en référence aux appels à une régulation plus sévère. Sa porteparol­e, Dana Loesch, fustige régulièrem­ent «les médias dangereux» qui s’affichent anti-armes.

La NRA a soutenu Donald Trump sans réserve tout au long de sa campagne. Celui-ci le lui a bien rendu en affirmant: «Il n’y a pas de plus grand fan du deuxième amendement et de la NRA que moi. »

Paradoxale­ment, les armes étaient interdites vendredi sur le site en raison de la présence de M. Trump, conforméme­nt aux ordres du Secret Service, la police d’élite chargée de la protection des personnali­tés.

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LOREN ELLIOTT AGENCE FRANCE-PRESSE Une manifestat­ion s’est tenue devant les lieux de la convention.

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