Le taux de chômage américain passe sous la barre des 4 %
L’emploi aux États-Unis a continué d’afficher sa bonne santé en avril avec un taux de chômage passant sous les 4% même si les créations d’emplois se sont révélées décevantes et que les salaires n’augmentent toujours pas.
L’économie américaine a créé 164 000 nouveaux emplois, soit l’un des chiffres les plus faibles en sept mois, selon les données du ministère du Travail publiées vendredi. Les analystes s’attendaient à 190 000. «Cela suggère que la croissance des emplois commence à ralentir», a noté Chris Low de FTN Financial. Le gouvernement a toutefois révisé en hausse le chiffre des créations d’emplois du mois de mars avec 135 000 nouvelles embauches, contre 103 000 initialement annoncées.
Malgré ces embauches un peu ralenties, le taux de chômage a reculé de 0,2 point, à 3,9 %, son plus bas niveau depuis décembre 2000 alors qu’il était resté pendant six mois à 4,1%. Le passage sous la barre des 4% est important, car les 3,8% n’ont pas été atteints depuis… 1969. Le président Donald Trump s’est félicité de cette baisse sur le tarmac de la base Andrews avant de se rendre à Dallas pour une convention de la National Rifle Association. «Nous venons de casser les 4% pour la première fois en beaucoup, beaucoup d’années. On est très fiers», a-t-il lancé.
Mais ce repli du taux de chômage est en partie le fait d’une mauvaise raison: la réduction du taux de participation au marché du travail. Celui-ci a glissé de 0,1 point à 62,8 %, le taux le plus faible depuis quatre mois. Plus de 200 000 personnes en âge de travailler ont renoncé à chercher du travail.
«Dans l’ensemble, c’est un rapport de l’emploi mi-figue, mi-raisin», a relevé Gregory Daco d’Oxford Economics même si le marché de l’emploi américain reste en bonne forme. Selon Mickey Levy, de Berenberg Capital Markets, «en dépit des turbulences sur les marchés financiers et des incertitudes sur le commerce, les entreprises sont suffisamment confiantes dans les perspectives économiques pour continuer à embaucher. Mais la réduction du taux de participation à l’emploi chez les 2554 ans montre une légère dégradation de l’appréciation des conditions du marché du travail ».
Autre nouvelle quelque peu décevante, les salaires ont à peine augmenté. Le salaire horaire moyen a avancé de 0,15 % sur le mois (soit une hausse de 4¢US, à 26,84$US). Sur douze mois, son évolution se situe à 2,6 %, sans compter l’inflation qui, selon l’indice CPI ajusté des données saisonnières, a avancé de 2,4% sur la même période.
Pour la Réserve fédérale, qui veille sur l’inflation, ce rapport sur l’emploi conforte son approche de hausses graduelles des taux d’intérêt alors que l’évolution des prix ne semble pas encore poussée par les salaires. Mais cela ne devrait pas tarder vu l’étroitesse du marché du travail. «Il y aura un autre rapport sur l’emploi avant la réunion monétaire de juin, mais les tendances apparaissent suffisamment fortes pour s’attendre à un nouveau tour de vis lors de ce prochain rendez-vous du Comité monétaire», a résumé Jim O’Sullivan, économiste en chef pour les États-Unis de HFE.
En avril, le nombre de chômeurs est donc descendu à 6,3 millions, tandis que celui des personnes ne trouvant qu’un travail à temps partiel reste obstinément à 5 millions. À 6,6%, le taux de chômage parmi les Noirs, même s’il reste proche du double de celui des Blancs (3,6%), est tombé au plus bas depuis 1972. Parmi les secteurs qui ont le plus embauché en avril figurent les services aux entreprises (54 000). L’emploi manufacturier reste relativement soutenu (24 000), de même que dans les services de santé (24 000 également). Les emplois du secteur public en revanche ont diminué pour la première fois en quatre mois (–4000).
Ce repli du taux de chômage est en partie le fait d’une mauvaise raison: la réduction du taux de participation au marché du travail