Le Devoir

J’ai souvenir encore

- Dorothée Roch Cégep régional de Lanaudière (Terrebonne)

De bois debout Jean-François Caron, La Peuplade, Chicoutimi, 2017, 414 pages

Vous êtes-vous déjà demandé à quoi ressembler­ait un roman écrit par votre mémoire? Comment nous y retrouver avec tous ces souvenirs qui surgissent pêle-mêle et qui se confondent avec la fiction de nos rêveries et de nos lectures?

Jean-François Caron a relevé le défi avec brio dans son roman De bois debout, publié par les éditions La Peuplade, dans lequel les lecteurs découvrent le passé d’Alexandre, le protagonis­te, à travers les voix de sa mémoire. Les souvenirs du jeune homme remontent à sa conscience lorsqu’il revient dans son village natal, village dans lequel il a été témoin du meurtre accidentel de son père alors qu’il n’était qu’un jouvenceau.

C’est après cet incident qu’Alexandre a trouvé refuge chez Tison, l’ermite au visage brûlé. La douce poésie de Caron raconte de façon touchante comment la puissance des livres a pu réunir ces deux hommes esseulés.

Même si l’histoire semble parfois difficile à suivre en raison de la temporalit­é débridée de l’oeuvre, tous les fragments de la vie d’Alexandre s’assemblent au fil des pages pour former un tout d’un réalisme incroyable. Puisque le récit est structuré comme la mémoire humaine, en nous faisant voyager dans le temps, nous avons l’impression d’entrer dans la tête d’Alexandre et d’entendre les voix de son passé.

À travers son oeuvre, Caron aborde le thème du deuil avec sensibilit­é en racontant comment Alexandre ne cesse de perdre ceux qu’il aime. La narration au «je» utilisée dans plusieurs chapitres rend ces passages très personnels et émotifs, ce qui fait en sorte que les lecteurs peuvent facilement se reconnaîtr­e à travers ce qu’Alexandre vit.

Pour survivre à la solitude, le jeune homme trouve refuge dans les livres, les mêmes dédaignés par le père tant aimé. L’intertextu­alité dans ces extraits est intéressan­te puisqu’elle témoigne de la façon dont l’auteur a construit son roman à partir d’autres oeuvres. De bois debout est un roman «qui fait du bien». L’écriture réconforta­nte de Caron suggère que l’amour peut survivre à tout, même à la mort, car les êtres chers qu’Alexandre a perdus restent bien vivants dans son coeur et sa mémoire.

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