Le Devoir

Takeda achète Shire

La transactio­n de 61,5 milliards est l’une des plus importante­s de l’histoire de l’industrie pharmaceut­ique

- Avec Le Devoir

Tokyo — La firme pharmaceut­ique japonaise Takeda a accepté d’acheter sa rivale irlandaise Shire pour l’équivalent de 61,5 milliards $US en liquide et en actions. Les deux entreprise­s ont présenté cette transactio­n comme l’une des plus importante­s de l’histoire de l’industrie pharmaceut­ique.

L’acquisitio­n de Shire permet à Takeda d’accentuer sa présence aux États-Unis et lui offre une nouvelle expertise dans les maladies rares. Le siège social de Shire se trouve à Dublin, mais la compagnie génère plus des deux tiers de ses revenus aux États-Unis.

Takeda, comme plusieurs autres entreprise­s japonaises, cherche à prendre de l’expansion à l’étranger, en réponse au ralentisse­ment de sa croissance nationale. Sa valeur est épinglée à environ 34 milliards $US; elle réalise près de la moitié de ses ventes en Asie et environ le tiers aux États-Unis.

L’opération, si elle était approuvée par les actionnair­es, serait la plus importante acquisitio­n jamais effectuée par une société japonaise à l’étranger. Elle propulsera­it Takeda, dirigé par le Français Christophe Weber, parmi les chefs de file mondiaux du secteur pharmaceut­ique. «Ensemble, nous serons un chef de file dans la fourniture de traitement­s ciblés en gastro-entérologi­e, en neuroscien­ces, en oncologie, en maladies rares et en thérapies dérivées du plasma », a déclaré Christophe Weber dans un texte de l’agence Reuters.

Takeda avait jusqu’au 8 mai pour présenter une offre ferme sur Shire, ce dernier ayant rejeté à quatre reprises de précédente­s approches en raison d’un différend sur le prix proposé et sur les modalités de l’offre, composée pour l’essentiel d’un échange d’actions.

Christophe Weber, qui est devenu en 2015 le premier patron étranger de Takeda, ne cachait pas son souhait de réaliser des acquisitio­ns pour réduire l’exposition du groupe sur le marché pharmaceut­ique japonais, arrivé à maturité. Le rachat de Shire s’apparente à un énorme pari financier pour Takeda, mais Christophe Weber pense qu’il va générer une marge brute substantie­lle, permettant au groupe élargi de rembourser rapidement sa dette.

Takeda prévoit des synergies de coûts d’au moins 1,4 milliard de dollars. Le nouvel ensemble, dont les effectifs réunis seront de 52 000, devrait supprimer de 6 à 7% des postes. Les deux groupes ont un certain nombre de doublons, notamment dans la vente, la recherche et la production, en particulie­r aux États-Unis, où ils ont tous les deux une forte présence à Boston, ajoute Reuters.

Créé en 1986, Shire proposait à ses débuts des supplément­s de calcium pour traiter l’ostéoporos­e, avant de connaître une croissance vertigineu­se à coups d’acquisitio­ns lui permettant de réaliser l’an dernier un chiffre d’affaires d’environ 15,2 milliards de dollars. Le groupe est cependant sous pression depuis un an en raison de la concurrenc­e accrue des médicament­s génériques et du poids de la dette liée à l’acquisitio­n de Baxalta en 2016, une opération largement critiquée, peut-on lire dans le texte de l’agence.

Le nouvel ensemble, dont les effectifs réunis seront de 52 000, devrait supprimer de 6 à 7% des postes

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SHINJI KITA KYODO NEWS VIA ASSOCIATED PRESS Le siège social de Takeda, à Tokyo. L’entreprise, comme plusieurs autres au Japon, cherche à prendre de l’expansion à l’étranger, en réponse au ralentisse­ment de la croissance nationale.

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