Le Devoir

Les activités parascolai­res réduisent de 70% les risques de décrochage scolaire.

Les activités extracurri­culaires diminuerai­t de 70 % les risques d’abandon

- ISABELLE PORTER à Saguenay

Les élèves à risque au secondaire ont 70 % moins de chances de décrocher s’ils participen­t à une activité parascolai­re (sport, théâtre, etc.) de façon continue, révèle une recherche menée dans douze écoles.

« Les activités parascolai­res offrent d’autres occasions d’être valorisés pour les élèves à risque qui, typiquemen­t, vont être moins valorisés par les notes ou le comporteme­nt», explique Eliane Thouin, étudiante en psychoéduc­ation à l’Université de Montréal, en marge de sa présentati­on à l’Acfas. «Ça permet aussi à des jeunes plus isolés de se créer un réseau social. »

«On parle d’activités qui sont organisées et soutenues dans les écoles: des activités sportives, artistique­s, comme le théâtre ou le cinéma, d’autres d’implicatio­ns sociales, comme Amnistie internatio­nale, des clubs oratoires… »

Pendant trois ans, elle a suivi une cohorte de 545 adolescent­s majoritair­ement à risque dans douze écoles de Montréal, de Lanaudière et des Laurentide­s.

Chaque année, les jeunes du groupe répondaien­t à un questionna­ire. Pendant l’étude, le tiers d’entre eux ont abandonné l’école, mais l’équipe dirigée par la professeur­e Véronique Dupéré les a revus par la suite afin de les sonder à nouveau.

C’est en comparant les données des jeunes à risque qui sont restés à l’école et celles de ceux qui ont décroché qu’elle a pu voir que ceux qui avaient une activité parascolai­re avaient 70% moins de chances d’abandonner.

Plus d’impact que les amis

La recherche a en outre révélé que le fait d’être dans une troupe de théâtre ou une équipe de sport a encore plus d’impact sur le maintien à l’école que la présence d’amis ou l’existence d’une relation significat­ive avec un adulte parmi les membres du personnel.

Or, pour que ça marche, l’activité doit être continue, insiste Eliane Thouin. «C’est impor- tant parce qu’il y a beaucoup d’élèves dans le réseau public pour qui la participat­ion, c’est vu comme un privilège. Tu peux participer si tu as certaines notes, si tu as un comporteme­nt exemplaire… Si tu commets une faute disciplina­ire, tu es retiré de l’activité. Quand on a passé les jeunes en entrevue, ça ressortait beaucoup.»

Des recherches antérieure­s avaient déjà documenté les bienfaits des activités parascolai­res sur le développem­ent des adolescent­s, mais c’est la première fois qu’on mesure l’impact direct de ces loisirs sur le décrochage des jeunes à risque au Québec.

Des résultats dont le gouverneme­nt devrait prendre note, dit-elle, en précisant qu’elle a pu observer l’impact des coupes sur le parascolai­re durant son étude sur le terrain.

«Certaines écoles avaient abandonné en cours d’année la tenue des activités parce qu’il y avait eu des coupes, et c’est ce qu’ils ont enlevé en premier.»

Enfin, pour que le parascolai­re apporte ses bienfaits, l’école doit le traiter d’emblée comme une manière de lutter contre le décrochage, précise-telle. «Il faut solliciter les élèves qui, de prime abord, sont moins portés à participer.»

Rappelons que, le 2 mai dernier, une étude révélait que seulement 64% des jeunes Québécois du réseau public réussissen­t à obtenir leur diplôme dans les temps requis.

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ISTOCK Les élèves qui pratiquent une activité artistique ou sportive après les cours se sentent plus valorisés.

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