Le Devoir

Un service pour élèves en difficulté abandonné

La CSDM dit fermer Le Relais en raison de nouvelles règles de financemen­t

- MARCO FORTIER

Un service ultraspéci­alisé, qui vient en aide aux élèves les plus poqués de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), est condamné à fermer ses portes à cause des nouvelles règles de financemen­t décrétées par Québec.

La plus grande commission scolaire du Québec a décidé d’abolir à compter de septembre prochain le service de répit Le Relais, qui accueille temporaire­ment les élèves ayant les plus grandes difficulté­s. Cette classe hors de l’ordinaire accueille entre 15 et 20 élèves à la fois, qui sont encadrés par trois profession­nelles — une psychoéduc­atrice, une orthopédag­ogue et une technicien­ne en éducation spécialisé­e.

Ces profession­nelles, appuyées par leur syndicat, ont livré mercredi un plaidoyer pour la survie de leur service, situé à l’école Henri-Julien dans le quartier Villeray. «Il y aurait lieu de multiplier ce genre de service plutôt que de le fermer», dit au Devoir Michel Mayrand, président du Syndicat des profession­nelles et profession­nels du milieu de l’éducation de Montréal.

Il est venu livrer son message au conseil des commissair­es de la CSDM, mercredi soir. Lui et les trois responsabl­es du répit-transit estiment que le service a fait ses preuves depuis sa création il y a une décennie: les trois quarts des élèves qui sont passés par cette classe sont retournés étudier dans leur école ordinaire. Ils viennent au Relais le temps de se remettre sur pied, avec l’aide des intervenan­tes spécialisé­es.

Sans le répit-transit, la CSDM n’a plus de services à offrir à un élève en «rupture de fonctionne­ment», ont souligné Patcey Blaney, Marie-Ève Desroches et Marie-Hélène Quintal, responsabl­es du service. «Savez-vous que si un élève est en bris de fonctionne­ment et qu’il a besoin d’un répit, le seul choix de la CSDM est l’école spécialisé­e avec les jeunes en trouble grave de comporteme­nt? Nous peinons à garder nos garçons présentant des difficulté­s d’adaptation sur les bancs d’école. Qu’avonsnous à leur offrir?»

Règles de financemen­t

La présidente de la CSDM, Catherine Harel Bourdon, a expliqué que la commission scolaire a fait le choix douloureux d’abolir Le Relais à cause de nouvelles règles de financemen­t décrétées par le ministère de l’Éducation et de l’Enseigneme­nt supérieur (MEES).

Québec envoie depuis deux ans des sommes directemen­t aux écoles, sans passer par les commission­s scolaires. Cette année, 7,4 millions de dollars sont ainsi versés aux 191 écoles de la CSDM. Les écoles ont fait leurs propres choix pour dépenser ces sommes. Et les choix des écoles ne permettent pas de maintenir le répittrans­it Le Relais, selon Mme Harel Bourdon.

«Auparavant, on avait une certaine souplesse pour nos services globaux. Cette souplesse-là n’est plus là», a-t-elle déploré.

La CSDM a réussi à maintenir le financemen­t pour huit équipes de «répit-conseil» qui se rendent dans les classes pour aider les élèves ayant les plus grandes difficulté­s — et leurs enseignant­s. Ces équipes sont formées, selon les besoins, des profession­nels suivants: orthopédag­ogue, psychoéduc­ateur, psychologu­e, ergothérap­eute, orthophoni­ste et technicien en éducation spécialisé­e. Et ça fonctionne, selon la CSDM.

«Le répit-conseil est insuffisan­t. Je ne peux pas croire que la commission scolaire abolit le répit-transit Le Relais. Comment peuvent-ils justifier ça? C’est une seule question d’équilibre budgétaire sur le dos des élèves les plus vulnérable­s», dit Catherine Renaud, présidente de l’Alliance des professeur­es et des professeur­s de Montréal.

Violaine Cousineau, commissair­e indépendan­te, déplore elle aussi les effets pervers des nouvelles règles de financemen­t édictées par le MEES — qui envoie des sommes directemen­t aux écoles. La commission scolaire n’a par exemple que 10 bibliothéc­aires pour 113 000 élèves. Sans surprise, aucune école n’a choisi d’embaucher une bibliothéc­aire, au moment où les élèves manquent cruellemen­t d’orthophoni­stes, par exemple.

Les 7,4 millions de dollars envoyés par Québec ont néanmoins permis de créer près de 200 postes, a souligné Catherine Harel Bourdon. Cette somme permettra entre autres l’embauche de soixante-dix technicien­s en éducation spécialisé­e, onze orthophoni­stes, sept préposés aux élèves handicapés, six ergothérap­eutes, deux postes et demi de technicien­s en travail social et un poste et demi de conseiller pédagogiqu­e.

Newspapers in French

Newspapers from Canada