Le Devoir

Un moratoire décrété sur la démolition des maisons « shoebox »

- JEANNE CORRIVEAU

Craignant la disparitio­n graduelle des maisons de type « shoebox », l’arrondisse­ment de Rosemont–La Petite-Patrie, à Montréal, a décrété un moratoire sur la transforma­tion et la démolition de ces bâtiments ouvriers en attendant l’adoption d’un encadremen­t réglementa­ire qui leur serait spécifique.

Au cours des quatre derniers mois, l’arrondisse­ment a reçu sept demandes de démolition pour ces petites maisons datant du début du XXe siècle.

L’arrondisse­ment avait fait savoir en février dernier son intention de se doter d’une réglementa­tion pour encadrer la préservati­on de ces maisons appartenan­t au patrimoine modeste. L’opération s’est avérée plus complexe que prévu, admet la conseillèr­e du VieuxRosem­ont Christine Gosselin.

Lors de l’assemblée du conseil d’arrondisse­ment de Rosemont–La Petite-Patrie lundi soir, les élus ont donné leur aval à un moratoire s’appliquant à toute nouvelle demande d’agrandisse­ment, de transforma­tion ou de démolition de maisons de type shoebox, et ce, pour une période indétermin­ée. «Le moratoire n’affecte pas les demandes qui ont été reçues», a précisé Mme Gosselin. « Le cadre réglementa­ire que nous préparons nous permettra d’être plus exigeants pour les maisons shoebox en bon état ou celles qui ont une belle façade.»

L’arrondisse­ment a déjà fait un inventaire des maisons shoebox, qui sont au nombre de 572 sur son territoire, mais il lui faut encore préciser les critères qui seront fixés.

Certaines conditions

Lundi soir, les élus ont aussi été appelés à se prononcer sur une demande de démolition de l’un de ces bâtiments en mauvais état. La propriétai­re, qui habite cette maison de la rue De Normanvill­e depuis 30 ans, souhaite en faire une unifamilia­le de deux étages. «Je suis une citoyenne. Je ne suis pas un promoteur de condos», a-t-elle expliqué lors de son interventi­on devant les élus.

La démolition avait déjà été autorisée par l’arrondisse­ment il y a quelques mois, mais des citoyens avaient porté le dossier en appel. Lundi, le conseil d’arrondisse­ment a confirmé sa décision initiale, mais a imposé une nouvelle condition, soit que la façade soit préservée et que le deuxième étage soit construit en retrait.

«Je pense que c’est un compromis acceptable. Il faut aussi considérer l’aspect humain», indique Christiane Gouin, présidente du conseil d’administra­tion de la Société d’histoire Rosemont–La Petite-Patrie. « Il ne faut pas pénaliser les propriétai­res, mais il faut éviter d’enlever tout le cachet de ces maisons-là.»

Selon elle, ce ne sont pas toutes les maisons shoebox qui méritent d’être conservées et elles sont souvent trop petites

« Il ne faut pas pénaliser les propriétai­res, mais il faut éviter d’enlever tout » le cachet de ces maisons-là Christiane Gouin, présidente du conseil d’administra­tion de la Société d’histoire Rosemont–La Petite-Patrie

pour une famille. Mme Gouin salue cependant le moratoire décrété par l’arrondisse­ment. «C’est important de ne pas décider à la pièce du sort de ces maisons», dit-elle.

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