Le Devoir

Quand le choix du nom devient un casse-tête

Avez-vous déjà rêvé de créer votre propre entreprise? Mais au-delà des histoires d’entreprene­urs à succès devenus millionnai­res, savez-vous vraiment ce que ça implique? Pour découvrir la face cachée du monde des entreprise­s en démarrage, Le Devoir vous pr

- KARL RETTINO-PARAZELLI

Quand Simon Bédard a décidé de se lancer en affaires, il n’aurait jamais cru que le choix du nom de son entreprise lui attirerait autant de maux de tête… et une mise en demeure.

«Trouver un nom, à la base, on ne réalise pas l’importance que ça a», explique le cofondateu­r de l’entreprise Clinia, dans le deuxième épisode du

Mythe start-up. Et pourtant.

Il y a quelques années, le jeune entreprene­ur a d’abord été charmé par le nom «Ma clinique», en se disant qu’un nom de domaine pareil serait utile pour faire connaître sa plateforme Web permettant aux patients de trouver un profession­nel de la santé près de chez eux.

Lorsqu’il a constaté qu’une clinique de Québec avait déjà choisi le même nom, il a décidé de repartir à zéro. «Ma clinique» est devenue

« Clinigo », mais seulement pour quelques mois: Simon a découvert l’existence de l’entreprise « Clinique Go », une trouvaille qui lui a valu une mise en demeure de la part de son propriétai­re.

Pour éviter de perdre temps et argent, il est retourné à la case départ et mise depuis sur «Clinia», en espérant qu’avec ce troisième nom les problèmes sont derrière lui.

Plus simple, plus performant

Certaines études montrent que le choix du nom peut avoir une grande influence sur le succès d’une entreprise, ou à tout le moins sur la perception que les gens en ont.

En 2006, les chercheurs américains Daniel Oppenheime­r et Adam Alter ont par exemple analysé la performanc­e de centaines de compagnies enregistré­es en Bourse entre 1990 et 2004. Après avoir contrôlé les variables qui

auraient pu fausser les résultats, ils ont découvert que les entreprise­s ayant un nom simple et facile à prononcer ont obtenu de meilleurs résultats à leurs débuts sur les marchés que celles ayant un nom compliqué.

Ils ont conclu qu’un investisse­ur qui aurait placé 1000$ dans les dix compagnies ayant les noms les plus faciles à prononcer aurait obtenu un rendement de 15% après une journée d’échanges sur les marchés. Si, à l’inverse, il avait choisi les dix compagnies qui ont les noms les plus compliqués, il n’aurait fait fructifier son investisse­ment que de 4 %.

Oppenheime­r et Alter en ont déduit que les investisse­urs sont influencés par le nom d’une compagnie, tout particuliè­rement dans les premiers jours suivants son entrée en Bourse, lorsqu’ils ne savent pas encore dans quelle direction ira l’action.

Un nom fruité

Pour comprendre toute l’importance du choix du nom d’une entreprise, on peut aussi s’attarder à l’histoire d’une compagnie autrefois nommée Research in Motion, telle que racontée il y a quelques années par le New Yorker.

En 1998, les dirigeants de cette entreprise se sont réunis pour trouver le nom de leur nouvel appareil sans fil permettant d’envoyer et de recevoir des courriels. Au départ, ils hésitaient entre EasyMail, MegaMail et ProMail.

Mais puisqu’à l’époque le fait de recevoir un courriel à tout moment n’était pas nécessaire­ment perçu positiveme­nt, l’équipe s’est mise à la recherche d’un nom qui évoque quelque chose d’agréable, d’amusant, de frais…

Au bout de quelques semaines de travail, ils ont finalement choisi BlackBerry: un fruit qui ressemble étrangemen­t à la première version de cet appareil qui a d’abord fait un tabac, avant de sombrer.

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VOLKER HARTMANN ASSOCIATED PRESS BlackBerry a ainsi nommé son appareil sans fil pour rappeler la similarité entre le fruit sauvage et la première version de son cellulaire.
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