Le Devoir

Québec propose un processus rapide pour La Presse

Jean-Marc Fournier pense possible d’adopter un projet de loi avant l’été

- GUILLAUME BOURGAULT-CÔTÉ

Le gouverneme­nt Couillard souhaite que le projet de loi nécessaire à la transforma­tion de La Presse en organisme à but non lucratif (OBNL) soit adopté rapidement — comme le souhaitent la direction du quotidien et ses employés. L’appui des partis d’opposition sera toutefois nécessaire.

La mutation de La Presse en OBNL nécessite l’abrogation d’une loi privée datant de 1967. «Normalemen­t, pour changer une loi privée, on [doit adopter] une loi privée, a indiqué jeudi le leader parlementa­ire du gouverneme­nt, Jean-Marc Fournier. Mais les délais de publicatio­n et l’ensemble des étapes pour une loi privée sont très longs. Et s’il fallait les suivre, ça serait à l’automne seulement que se ferait cette transforma­tion-là. »

Or la direction de La Presse souhaite pouvoir concrétise­r le plus rapidement possible son projet. Les trois syndicats que compte le quotidien l’appuient d’ailleurs dans cette démarche. Ils ont demandé jeudi aux députés «de mener à bien l’abrogation de la loi 282 de 1967 avant la fin de la session parlementa­ire, afin de permettre à La Presse d’entamer son processus de transforma­tion en OBNL».

Québec n’a rien contre l’idée. Ainsi M. Fournier a-t-il écrit jeudi aux partis d’opposition pour leur proposer l’adoption d’une loi publique, plutôt que privée. « La Presse nous demande si on est en mesure d’accélérer le pas. J’ai dit: la seule possibilit­é, c’est que j’aie un consenteme­nt des autres partis et qu’on le règle en une journée, ou deux, ou trois. Je ne suis pas là pour empêcher La Presse. Si je peux faciliter [les choses], ça va, mais je ne peux pas [les] faciliter seul. »

Jean-Marc Fournier a indiqué en point de presse que les consultati­ons serviraien­t notamment à «recevoir les propriétai­res de La Presse, le syndicat, les personnes directemen­t concernées par la vente, pour entendre leur point de vue». Plusieurs questions — notamment sur le financemen­t, la transparen­ce ou l’indépendan­ce de la nouvelle structure — ont été soulevées

«

Je ne suis pas là pour empêcher

La Presse. Si je peux faciliter [les choses], ça va, mais je ne peux

» pas [les] faciliter seul

Jean-Marc Fournier, leader parlementa­ire

depuis l’annonce des intentions du média, et elles demeurent en suspens depuis.

Le PQ ouvert

La Coalition avenir Québec et Québec solidaire parleront de cette propositio­n en caucus la semaine prochaine. Le Parti québécois, lui, s’y est dit favorable. «On est prêts à faire la consultati­on en une journée, a indiqué jeudi le chef du PQ, Jean-François Lisée. Si le premier ministre et M. Fournier veulent déposer un projet de loi, on peut faire ça très rapidement, bien sûr. »

M. Lisée a toutefois réitéré les inquiétude­s que le projet de La Presse soulève en lui, notamment en ce qui a trait à la nomination des administra­teurs du futur OBNL. Mardi, l’éditeur du quotidien a indiqué que le président du futur conseil d’administra­tion sera nommé « sur une propositio­n conjointe de la direction de La Presse avec l’actionnair­e Power Corporatio­n ». Ce président nommera ensuite les autres membres.

«Est-ce normal d’avoir le contrôle total sur la désignatio­n des administra­teurs? La réponse est non», a soutenu le chef péquiste. Selon lui, «la désignatio­n unilatéral­e de l’ensemble des membres du conseil d’administra­tion et leur autonomina­tion pour les siècles et les siècles ne paraissent pas le meilleur argument qu’on puisse avancer pour assurer indépendan­ce» de la future structure.

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