Un bilan en demi-teinte pour la représentation féminine dans les conseils d’administration
La représentation féminine au sein des conseils d’administration a fait du chemin après quatre années de réglementation. L’atteinte de la parité reste toutefois hors de portée.
La réglementation sur l’Information concernant la représentation des femmes au sein des conseils d’administration et des instances décisionnelles des émetteurs assujettis est en vigueur depuis le 31 décembre 2014. Soulignons qu’au Canada, les autorités de réglementation ont retenu l’approche de la divulgation selon la formule «se conformer ou s’expliquer». Les entreprises sont ainsi devant un engagement moral, mais non contraignant auprès des actionnaires et des investisseurs, avec une obligation de transparence s’étendant à la haute direction. Louise Champoux-Paillé,
administratrice auprès de plusieurs sociétés, réitère son exercice annuel à partir des données des entreprises composant l’indice S & P/TSX 60, et dresse, cette fois, un bilan sur quatre ans.
Elle observe qu’entre 2015 et 2018, la représentation féminine au sein des conseils de ces grandes entreprises inscrites en Bourse s’établit à 27%, en hausse de cinq points de pourcentage par rapport à 2015. «Il n’existe plus de CA uniquement masculin, alors qu’en 2015, nous en comptions trois», ajoute l’ancienne présidente du Cercle des administrateurs de sociétés certifiés.
À l’opposé, la parité est encore hors d’atteinte. Seulement neuf entreprises se retrouvent dans la zone d’au moins 40% de femmes, une seule affichant la parité avec l’entreprise Saputo. Aussi, seulement trois femmes occupent
les fonctions de présidence du conseil, et 35% des CA ne comptent qu’une ou deux femmes. « Cette constatation est préoccupante, des études indiquant qu’il faut au minimum trois femmes dans un conseil d’administration pour changer les choses et avoir un effet bénéfique sur la dynamique du conseil », ajoute Mme Champoux-Paillé.
En ce qui concerne la haute direction de ces entreprises, la mixité est encore plus ténue. «Aucune femme n’occupe pour l’instant la fonction de p.d.g. et seulement 27 femmes font partie de ce groupe en 2018, soit seulement 9%. […] Il est permis de s’interroger sur cette situation, d’autant plus que les femmes constituent depuis maintenant plusieurs années plus de 50% des diplômés universitaires.»
Une étude publiée en février et réalisée par la firme-conseil
Sodexo retenait que dans les entreprises, les meilleures performances viennent d’une zone de mixité hommesfemmes au sein de l’équipe de gestion se situant entre 40 et 60%. Les résultats supérieurs sont à la fois selon des critères de nature financière et qualitative. Sous les 40%, les équipes sont sous-performantes et à plus de 60%, elles atteignent un plateau.
«Bien que les femmes et les hommes soient aujourd’hui éduqués par les mêmes maisons d’enseignement et les mêmes professeurs, il est permis de penser que la différence entre les sexes s’atténue. Toutefois, mon expérience au sein des conseils d’administration me conduit à penser qu’il existe une complémentarité de vision», a ajouté Mme Champoux-Paillé.