Le Devoir

Alexandre Taillefer prend ses distances de ses médias

- PATRICE BERGERON à Québec

Le premier ministre Philippe Couillard juge que c’est une «bonne nouvelle» qu’un membre du Parti québécois, l’homme d’affaires, Alexandre Taillefer, préside la campagne électorale des libéraux.

«Ça me satisfait beaucoup de voir des gens se rallier à nous, a déclaré M. Couillard en mêlée de presse vendredi, en marge d’une annonce à Lac-Mégantic. On espère qu’il y en aura beaucoup d’autres. Et je prévois qu’il y en aura beaucoup d’autres. »

Jeudi, M. Taillefer, qui est propriétai­re de Téo Taxi et d’un groupe de presse, a annoncé qu’il se lançait dans l’arène politique à titre de président de la campagne du PLQ, ce qui a apporté un peu de baume aux libéraux, frappés par une série de départs ces dernières semaines.

Mais au cours de la même journée, le Parti québécois a révélé qu’il était membre en règle de la formation, tandis que la Coalition avenir Québec (CAQ) affirmait qu’il avait été adhérent en 2014-2015.

Au fil des années, il a également fait des contributi­ons aux trois grandes formations politiques reconnues à l’Assemblée nationale.

M. Taillefer a déclaré qu’il était membre du PQ à son insu. Comme il avait fait un don à la campagne à la direction du PQ de Jean-François Lisée en 2016, il s’est demandé si le don s’est transformé en carte de membre, ajoutant que s’il était membre, c’était malgré lui.

Indépendan­ce des salles de presse

Les libéraux étaient déjà sous la mitraille de l’opposition, eux qui ouvraient grand les bras à un patron de presse, alors qu’ils avaient vertement critiqué à une certaine époque le fait que Pierre Karl Péladeau soit chef du Parti québécois sans se départir de son actionnari­at de contrôle dans Québecor.

M. Taillefer avait affirmé jeudi qu’il n’était pas du tout en conflit d’intérêts en se lançant en politique tout en étant propriétai­re de médias. Il faisait valoir que ses mensuels ne pouvaient influencer la politique comme des quotidiens.

Or vendredi, il a dû faire marche arrière: il a annoncé qu’il démissionn­ait du conseil d’administra­tion de la société Mishmash Média, propriétai­re des publicatio­ns Voir et L’Actualité. Il reste toutefois propriétai­re du groupe.

M. Taillefer a précisé que le plein pouvoir décisionne­l de Mishmash Média, sans droit de regard, sera assumé par le président Éric Albert pour l’administra­tion complète et les décisions d’affaires.

Alexandre Taillefer explique qu’il lui est primordial d’assurer une indépendan­ce totale des salles de rédaction face à leur propriétai­re, encore plus lorsqu’il s’investit en politique.

L’homme d’affaires se dit conscient du malaise que créent chez les journalist­es employés par Mishmash Média ses nouvelles tâches politiques. Il affirme que le maintien de l’intégrité éditoriale de Voir et de L’Actualité est une valeur suprême à ses yeux.

Alexandre Taillefer assure que la structure actuelle de XPND Capital et de Mishmash Média fait qu’il lui est possible de mettre rapidement son investisse­ment minoritair­e dans les médias à distance.

L’opposition a également reproché à M. Taillefer ses activités de lobbyiste. Il a reçu des fonds publics pour Téo Taxi, mais il a dit n’y voir aucun conflit d’intérêts.

Il a assuré n’avoir rien à se reprocher. L’aide financière gouverneme­ntale qu’il a obtenue auparavant venait de programmes normés accessible­s à tous.

Le Parti québécois a rappelé que M. Taillefer était inscrit au registre des lobbyistes pour obtenir des modificati­ons réglementa­ires, également au ministère des Transports, au Fonds vert et à Transition énergétiqu­e Québec, pour obtenir des contrats, ainsi qu’auprès de deux ministères pour obtenir une subvention de 4 millions.

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Alexandre Taillefer

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