Le Devoir

Une année record pour le Conseil de presse

L’organisme a eu à traiter un total de 735 plaintes en 2017, une forte hausse par rapport à l’an précédant

- AMÉLI PINEDA

Avec 735 plaintes formulées par des citoyens à l’égard des médias, le Conseil de presse du Québec (CPQ) a connu une année record en 2017.

«Nous avons eu une année très occupée. Parfois, on pouvait recevoir des dizaines de plaintes pour un seul reportage», explique Caroline Locher, secrétaire générale du CPQ.

Un nombre impression­nant de 161 personnes avaient, par exemple, porté plainte contre Yanick Poisson, un journalist­e du Journal de Montréal concernant un article sur un viol collectif.

Une déclaratio­n d’André Arthur, qui a suggéré de frapper des cyclistes, a aussi amené 69 auditeurs à dénoncer ses propos auprès du tribunal d’honneur de la presse québécoise.

«Je crois que la population a une grande sensibilit­é au travail des médias d’informatio­n. Les gens se sentent impliqués dans ce que font leurs médias et prennent le temps de leur dire quand ils errent et c’est très sain. C’est un signe de démocratie saine qui montre qu’ils veulent faire confiance à la presse», mentionne Mme Locher.

Les 735 doléances reçues ont mené à l’ouverture de 156 dossiers, peut-on lire dans le rapport annuel du CPQ, rendu public vendredi.

Le comité des plaintes a réussi à traiter 83 dossiers et a rendu un nombre équivalent de décisions à l’intérieur d’un délai moyen de 11 mois.

À 60%, les plaintes formulées portaient sur la qualité de l’informatio­n.

«Ce sont des situations où les citoyens déplorent entre autres une inexactitu­de, des informatio­ns incomplète­s, du sensationn­alisme ou un manque d’équilibre», note la secrétaire générale.

Les autres motifs invoqués concernent à 35% l’attitude des médias à l’égard des personnes et des groupes; vient ensuite l’indépendan­ce dans 3% des cas, puis dans 2%, le droit du public à l’informatio­n.

Pour la prochaine année, le CPQ misera sur la médiation pour accélérer le traitement des plaintes, dont certaines peuvent prendre jusqu’à 14 mois avant d’être traitées.

« C’est une façon de faire que nous trouvons très prometteus­e. Le service de médiation a été lancé en novembre dernier et déjà nous voyons que, dans un tiers des cas, le plaignant retire sa plainte parce qu’il a réussi à s’entendre avec le média», indique Mme Locher.

Basée sur la participat­ion volontaire des parties impliquées dans un dossier de plainte, la médiation s’effectue par l’entremise des médiateurs du Conseil.

« Les médiateurs essaient de trouver une entente à l’amiable entre le plaignant et le média. Il ne faut pas oublier que les plaignants, ce sont des citoyens auxquels les salles de presse ne sont pas nécessaire­ment familières. Parfois, juste en prenant le temps de rencontrer le journalist­e, qui lui explique sa démarche, le citoyen est satisfait. À l’inverse, il arrive qu’une salle de presse réalise qu’il y a un rectificat­if à faire et va donc rapidement faire un erratum », dit Mme Locher.

Présidente réélue

Lors de leur réunion du 11 mai, les membres du conseil d’administra­tion ont reconduit, à l’unanimité, Paule Beaugrand-Champagne dans ses fonctions de présidente du Conseil de presse du Québec. Élue pour la première fois en 2014, la présidente obtient un nouveau mandat d’une durée de quatre ans.

«Je crois que la population a une grande sensibilit­é au travail des médias d’informatio­n»

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