Le Devoir

Les entreprise­s québécoise­s dans le peloton de tête technologi­que

- ÉRIC DESROSIERS

Contrairem­ent à ce qu’on pourrait croire, le secteur manufactur­ier se porte bien au Québec et se trouve même dans le peloton de tête en matière de nouvelles technologi­es, a-t-on assuré lors d’un grand forum sur le sujet. Certains chefs d’entreprise tardent toutefois encore à prendre le virage de l’innovation au risque de tout perdre, y a déploré Philippe Couillard.

« C’est un mouvement formidable qui est en train de se passer devant nous. L’un des mouvements qui sont en train de transforme­r le Québec et de changer le regard que nous portons sur nous-mêmes», a dit le premier ministre du Québec à la tombée du rideau d’un Forum stratégiqu­e sur le manufactur­ier innovant organisé à Montréal vendredi par Investisse­ment Québec et la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain.

Philippe Couillard parlait de la bonne tenue du secteur manufactur­ier ces dernières années ainsi que du virage entrepris par certaines compagnies en faveur de l’innovation et de l’adoption des nouvelles technologi­es.

Avant lui, de nombreux acteurs et observateu­rs du milieu s’étaient relayés à la tribune pour souligner les bonnes performanc­es du Québec dans le domaine. On y soulignait notamment que près de la moitié de l’ensemble des nouveaux emplois créés l’an dernier au Québec l’ont justement été dans le secteur manufactur­ier et que les exportatio­ns à l’étranger y ont crû en moyenne annuelle de 2% depuis cinq ans, soit bien mieux que dans l’ensemble du Canada, où la moyenne n’était encore que de 1,4% l’an dernier.

Le secteur compte désormais pour 14 % du produit intérieur brut (PIB) québécois et continue d’être en croissance, s’est félicité l’expert de la firme de consultant Deloitte, Louis Duhamel. « On se classe facilement, avec cela, dans le top 10 mondial des nations industrial­isées. »

Il est vrai que seulement 20% des entreprise­s du secteur ont automatisé au moins la moitié de leur production, contre une moyenne de 55 % aux États-Unis et de 75 % en Allemagne, a noté Pierre Gabriel Côté, président-directeur général d’Investisse­ment Québec, le bras financier du gouverneme­nt québécois. «Mais le Québec est quand même dans le peloton de tête en matière d’innovation technologi­que», comme a pu notamment le constater la délégation d’entreprise­s québécoise­s qui s’est récemment rendue au grand salon industriel de Hanovre, en Allemagne, où on a pu se comparer aux meilleurs dans le monde.

Le danger de la complaisan­ce

La ministre québécoise de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, Dominique Anglade, en veut pour signe le remarquabl­e succès d’un programme de subvention à l’innovation manufactur­ière qui disposait d’un budget de 825 millions pour quatre ans, mais où la demande des entreprise­s a été telle que le montant a dû être porté à 1 milliard et qu’il a été épuisé en seulement deux ans. «Le Québec va bien, a répété la ministre, rappelant que chaque dollar de ce programme a généré trois dollars d’investisse­ments privés dans plus de 500 entreprise­s. Le plus grand risque maintenant est celui de la complaisan­ce. »

Philippe Couillard s’est montré plus insistant. Il a déploré que l’effort en matière d’innovation se révèle souvent important dans certaines entreprise­s et quasi nul dans d’autres. «Il y a ceux qui prennent les moyens pour être encore là demain et ceux qui ne réalisent pas encore, malgré tous les signes, qu’ils ne sont qu’en sursis s’ils ne bougent pas. L’investisse­ment en technologi­e doit devenir une priorité, a-t-il martelé. Les technologi­es sont disponible­s. Les capitaux sont disponible­s. Les entreprise­s doivent prendre leurs responsabi­lités », a-t-il asséné aux quelque 800 participan­ts venus au Palais des Congrès de Montréal.

Travailleu­rs demandés

Un autre défi important, a-t-il admis, sera de trouver la maind’oeuvre nécessaire. Au début de son mandat, a-t-il raconté, les investisse­urs étrangers voulaient en savoir plus sur les ressources naturelles disponible­s au Québec. Mais depuis quelque temps, ce sont les réserves de travailleu­rs qui les intéressen­t. « C’est pourquoi ça n’aurait aucun sens de réduire l’immigratio­n, et même seulement d’en parler», a déclaré le premier ministre libéral, qu’on sentait déjà préparé pour les élections.

Le problème de rareté de main-d’oeuvre a souvent été évoqué vendredi. Des chefs d’entreprise ont dit devoir se résoudre à refuser des contrats faute de travailleu­rs qualifiés. Plusieurs ont raconté comment le problème était justement l’une des raisons qui les ont poussés à prendre le virage de l’automatisa­tion. D’autres encore ont raconté comment cela les avait poussés à se tourner du côté de travailleu­rs immigrants ou à se rapprocher des écoles et collèges afin de développer des programmes de formation profession­nelle et de stages mieux adaptés à leurs besoins et à ceux des étudiants.

Le secteur compte désormais pour 14% du produit intérieur brut (PIB) québécois

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GETTY IMAGES Trouver la main-d’oeuvre nécessaire est un défi.

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