Roméo et Juliette retrouve ses habits
La distribution retenue par l’Opéra de Montréal sera à scruter de près
Dernière ligne droite à l’Opéra de Montréal, qui prépare la reprise de Roméo et Juliette de Gounod pour quatre représentations à partir du 19 mai.
Marie-Ève Munger et Ismael Jordi étaient cette semaine en pleine répétition pour créer l’alchimie parfaite sur scène, samedi prochain. Les chanteurs seront le pôle d’attraction principal de la production dont le contenant aura des airs de déjà vu, puisque les décors de Claude Girard ont été utilisés non seulement lors de la dernière série de représentations, en 2007, mais aussi lorsque l’Opéra de Montréal avait monté l’oeuvre précédemment, en 1986 et 1992.
Ce qui avait changé en 2007, c’était l’époque. Un saut de cinq siècles par le seul truchement des costumes, puisque le metteur en scène Michael Cavanagh avait fait passer l’action de Vérone au XVe siècle à l’immédiat après-guerre. Avec le metteur en scène Tom Diamond, qui proposera à Montréal sa première mise en scène de Roméo et Juliette, nous reviendrons à l’époque de l’histoire de Shakespeare qui a inspiré Gounod en 1867.
Qui sont donc ces chanteurs qui attirent notre attention? Et pourquoi? Tout d’abord, il s’agit, sauf erreur, du premier très grand rôle à Montréal de la Saguenéenne MarieÈve Munger. Soprano colorature, Marie-Ève Munger a fait partie de la distribution de la légendaire production d’Elektra de Richard Strauss à la Scala de Milan et à Aix-en-Provence en 2014, l’ultime mise en scène de Patrice Chéreau. Aix-en-Provence l’a réengagé pour la création, en 2017, de Pinocchio, le nouvel opéra de Philippe Boesmans, qu’elle a aussi chanté, depuis, au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles.
La soprano québécoise contribue aussi à des productions du Palazzetto Bru Zane, tenant le haut de l’affiche dans Le pré aux clercs de Ferdinand Hérold sous la direction de Paul McCreesh, aux côtés de Michael Sypres, ce fameux ténor qui tient l’écrasant rôle d’Énée dans Les Troyens de Berlioz avec Marie-Nicole Lemieux et Joyce DiDonato.
Chanteuse associée de la nouvelle «Troupe Favart» de l’Opéra comique de Paris, Marie-Ève Munger est aussi une excellente titulaire du rôle de Lakmé, qu’elle a chanté à la Radio de Munich sous la direction du chef français Laurent Campellone. Nous sommes donc évidemment heureux de l’entendre dans un grand rôle.
Face à elle, un nom d’un calibre assez inhabituel ici. L’Espagnol Ismael Jordi, 45 ans, est, dans ce que nous avons entendu de lui, l’un des ténors lyriques les plus intéressants apparus lors de la décennie. Le Royal Opera House de Covent Garden, à Londres, semble partager cet avis. Après lui avoir confié le rôle de Roberto, comte de Leicester dans Maria Stuarda de Donizetti en 2014, la vénérable maison londonienne a réengagé Ismael Jordi pour chanter Alfredo dans La Traviata et, cette saison, Edgardo dans Lucia di Lammermoor. Son tableau de chasse inclut désormais les Opéras de ParisBastille, la Deutsche Oper de Berlin, les opéras de Munich, Hambourg, Dresde, Vienne, Madrid, Barcelone et j’en passe.
Troisième larron du plateau: Hugo Laporte (Mercutio). Hugo Laporte n’a pas de palmarès européen à faire