Le Devoir

Le ministre Coiteux est fier de son bilan

Le ministre des Affaires municipale­s Martin Coiteux est fier de son bilan

- ALICE MARIETTE Collaborat­ion spéciale

Les relations Québec-municipali­tés ont été complèteme­nt redéfinies. À quelques mois de la fin de son mandat, le ministre des Affaires municipale­s et de l’Occupation du territoire (MAMOT), Martin Coiteux, dresse le nouveau portrait de la politique municipale.

«Lorsque le premier ministre Philippe Couillard a livré au salon de l’Assemblée nationale le discours inaugural du gouverneme­nt [en 2014],il a vraiment mis la table pour ce que nous allions accomplir au cours des quatre années qui allaient suivre. Il y avait cette idée que le temps du paternalis­me était révolu et que nous allions reconnaîtr­e que les municipali­tés étaient des partenaire­s qui, avec le gouverneme­nt du Québec, servaient les mêmes citoyens et qui devaient être reconnus comme tels et être des partenaire­s de plein droit», mentionne d’emblée Martin Coiteux en entrevue. Lorsqu’il a hérité des affaires municipale­s en 2016, M. Coiteux a donc suivi ce fil conducteur.

Il rappelle avoir d’abord dû donner suite au rapport Perrault, du nom de l’ancien maire de Sherbrooke, sur la reddition de comptes des municipali­tés. À la suite de ce rapport, une politique gouverneme­ntale d’allégement du fardeau réglementa­ire des municipali­tés et une politique de consultati­on systématiq­ue des municipali­tés dans tous les enjeux qui les concernent ont été adoptées. «Nous avons commencé à mettre en place ce que j’appellerai­s un réflexe municipal systématiq­ue dans nos façons de faire les choses », explique M. Coiteux.

Nouvelles façons de faire

Martin Coiteux avait ensuite trois lois à rédiger. Tout d’abord, le projet de loi 122, sanctionné le 16 juin 2017, visant principale­ment à reconnaîtr­e les municipali­tés en tant que gouverneme­nts de proximité et à augmenter leur autonomie et leurs pouvoirs. Puis, les projets de loi 109 et 121, accordant le statut de capitale nationale à la ville de Québec et reconnaiss­ant la Ville de Montréal comme métropole du Québec. «Nous avons changé beaucoup de choses, notamment les règles actuelles par la possibilit­é d’adopter une approche de participat­ion citoyenne avec des consultati­ons. J’ai parlé de la plus grande décentrali­sation des pouvoirs de l’histoire du Québec vers les municipali­tés, ce qui est vrai. Mais, pour moi, ce n’est pas le point d’arrivée, c’est un point de départ», relève-t-il.

Il prend l’exemple de la stratégie gouverneme­ntale pour assurer l’occupation et la vitalité des territoire­s. «Auparavant, nous aurions agi de l’ancienne manière, celle qui ne reconnaiss­ait pas les municipali­tés comme des gouverneme­nts de proximité», décrit M. Coiteux. La nouvelle stratégie 2018-2022 est davantage basée sur une approche compatible avec la nouvelle façon de faire. «Plutôt que de déterminer nous-mêmes, seuls, quelles sont les priorités des prochaines années, nous avons demandé aux élus, préfets, maires, de se réunir et de se doter d’un comité de direction pour établir les priorités pour leurs propres régions», mentionne-t-il, assurant avoir accepté les priorités sans les questionne­r. «Nous leur avons dit: «Vous savez ce qui est important pour votre région, nous allons prendre cela et le transposer directemen­t dans la stratégie gouverneme­ntale.” C’est la première fois que l’on donne à des élus municipaux et régionaux l’occasion de définir une stratégie gouverneme­ntale, au moins en grande partie», note-t-il. Pour lui, cela permet de rééquilibr­er les pouvoirs aussi à l’intérieur même de l’administra­tion québécoise.

Héritage principal

«Au-delà du bilan législatif, dont je suis très fier, je pense que ce qui va être mon legs principal est d’avoir ouvert cette voie, qui est un changement de culture dans nos relations avec nos municipali­tés », pense Martin Coiteux. Pour lui, les relations Québec-municipali­tés vont maintenant être davantage basées sur le respect, puisque l’élu municipal est considéré au même titre que l’élu provincial ou fédéral. «Il sert les mêmes communauté­s, il est aussi soumis au processus démocratiq­ue, il a des comptes à rendre d’abord et avant tout à ses citoyens et moi je pense qu’à terme, cela ne va pas seulement changer notre culture, mais aussi redynamise­r et valoriser la démocratie municipale», pense le ministre. Du même souffle, il ajoute qu’il y aura de nouvelles frontières.

«Le Québec est très vaste, les régions ont des choses en commun, mais aussi des particular­ités, des enjeux qui leur sont propres et les gens qui vivent dans les régions connaissen­t mieux leur réalité que nous qui sommes à Québec ou à Montréal. Il faut être plus à leur écoute, leur donner l’occasion de dire vers où on doit aller au cours des prochaines années, et donc nos politiques ne peuvent pas être des politiques mur à mur», énonce M. Coiteux. En fin de compte, ce changement devrait permettre de mieux servir les citoyens. « Les citoyens votent pour leurs élus municipaux, alors j’ai toujours trouvé un peu anormal qu’ils viennent à l’Assemblée nationale pour soumettre des problèmes ou des enjeux de proximité. Mais, pourquoi faisaient-ils cela? Parce que le pouvoir résidait à Québec et non pas dans leur quartier. Or, s’il s’agit d’enjeux purement locaux. Pourquoi le pouvoir ne devrait-il pas être dans leur quartier ou dans leur ville? C’est cela qu’on est en train de changer», ajoute-t-il.

De la parole à l’acte

Martin Coiteux, qui a annoncé son retrait de la vie politique à la fin du mois d’avril, estime avoir été au bout de ses engagement­s et même au-delà. « Faire de la politique pour faire de la politique, honnêtemen­t, cela ne m’intéresse pas. J’aime la politique quand elle permet de changer des choses. Alors, dans le secteur municipal, j’ai été chanceux, le premier ministre voulait que je change les choses, il m’a donné un dossier de transforma­tion et il n’y a rien que j’aime plus que ça, de m’occuper d’un dossier qui challenge les anciennes façons de faire et qui amène vers quelque chose de différent», détaille-t-il. Il estime avoir fait de son mieux et pense avoir réussi à changer un certain nombre de choses très importante­s dans les relations Québec-municipali­tés.

Martin Coiteux, qui a annoncé son retrait de la vie politique à la fin du mois d’avril, estime avoir été au bout de ses engagement­s et même au-delà

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PEDRO RUIZ LE DEVOIR « […] les gens qui vivent dans les régions connaissen­t mieux leur réalité que nous qui sommes à Québec ou à Montréal. Il faut être plus à leur écoute, leur donner l’occasion de dire vers où on doit aller au cours des prochaines années, et donc nos...

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