Un monde municipal branché sur l’actualité
Le cannabis, Trump, les relations entre les maires et les journalistes, ou encore les changements climatiques… de nombreux sujets d’actualité figurent au programme des prochaines assises de l’UMQ. Parce que nombre de décisions prises à Québec, à Ottawa et même à l’international ont des impacts directs sur les municipalités.
Un petit peu d’humour ne fait jamais de mal, même lorsqu’il s’agit de sujets sérieux, croit Michel Angers, maire de Shawinigan et président de la Commission des assises chargée de mettre le programme au point. Ainsi, l’un des ateliers politiques proposés aux 1200 participants, des élus et des fonctionnaires municipaux pour la plupart, s’intitule «Le monde est stone : parlons cannabis» ou comment les maires auront à gérer la toute prochaine légalisation du cannabis récréatif promise à Ottawa».
«Il s’agira de présenter les enjeux pour les municipalités, explique-t-il. Nous serons au premier rang pour l’application de la loi. Est-ce que nous autoriserons le cannabis dans les parcs, dans les fêtes particulières? Québec s’oppose à ce que les citoyens puissent faire pousser des plants chez eux. Comment est-ce qu’on met ça en pratique? Il y a la question de la prévention, du cannabis au volant, au travail, de la formation aussi puisque certaines municipalités disposent de leur propre corps policier. »
Le maire de Shawinigan affirme qu’il s’agit là d’une préoccupation importante du monde municipal. Sans parler de l’aspect financier. Ottawa dit vouloir se garder 25% des revenus et en reverser 75% aux provinces, qui devront faire le transfert aux municipalités. Comment va se faire le partage? La question n’est pas encore tranchée, note-t-il.
Le journaliste, cet animal étrange…
Les assises seront également l’occasion de présenter aux participants plusieurs outils développés par l’UMQ. Le premier sert à déterminer combien vaut le travail d’un élu municipal. Parce que le sujet est délicat et que l’annonce par un maire de l’augmentation de sa rémunération provoque toujours un tollé, et parce que depuis le 1er janvier dernier, les municipalités peuvent fixer par règlement la rémunération du maire et de l’ensemble des membres du conseil municipal. L’UMQ a en effet mis en place un guide permettant d’analyser la situation de chacun des élus municipaux et de proposer une rémunération équitable et concrète.
Le deuxième outil propose des conseils et des témoignages pour aider les municipalités à prendre le virage numérique et à entreprendre une démarche de ville intelligente.
«Parce qu’il ne s’agit pas que d’un sujet à la mode, affirme Michel Angers. Les plus grandes villes se positionnent de mieux en mieux en matière d’innovation. Mais les plus petites municipalités veulent aujourd’hui elles aussi entrer dans la danse. »
Le président de la Commission des assises participera quant à lui à l’atelier intitulé Le journaliste, cet animal étrange… ou comment gérer la relation amour-haine parfois difficile, mais nécessaire entre élus et journalistes?
«Je suis maire de Shawinigan et ma ville est très souvent citée dans les médias, indique-t-il. J’ai presque quotidiennement des journalistes dans mon bureau. C’est normal, ils font leur métier. Mais quand, le matin, nous nous réveillons avec un titre fracassant dans le journal qui ne correspond pas à l’annonce que l’on voulait faire, c’est frustrant, pour ne pas dire plus! Nous n’avons pas le contrôle sur la partie éditoriale, il faut faire avec, mais il y a aussi des façons de mieux contrôler le message. »
M. Angers estime que cela s’apprend avec l’expérience. Cet atelier a donc lieu dans un contexte post-élections municipales, alors que de nombreux nouveaux élus seront présents à ces assises. Et afin que ces derniers puissent apprivoiser l’exercice de la joute médiatique.
Protectionnisme américain
Enfin, et parce qu’il n’y a pas que les questions québéco-canadiennes qui peuvent avoir des retombées sur le monde municipal, ces assises seront aussi l’occasion de regarder ce qui se passe de l’autre côté de la frontière. Le programme rappelle que la relation commerciale entre le Canada et les États-Unis est la plus importante au monde et que, chaque jour, près de 2 milliards de dollars en biens et services traversent la frontière canado-américaine. Ce partenariat privilégié permet de créer des milliers d’emplois, de stimuler la croissance et aux entreprises d’être plus concurrentielles sur le marché mondial.
Sauf que depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, des mesures protectionnistes se sont invitées. Aluminium, acier, bois d’oeuvre, renégociation de l’ALENA, réforme fiscale ou encore CSeries… au cours de la dernière année, plusieurs enjeux ont créé des soubresauts de ce côté-ci de la frontière et dans plusieurs régions du Québec.
«Ces mesures protectionnistes affligent plusieurs entreprises dans nos municipalités, souligne Michel Angers. Cela a des répercussions directes sur les taxes que nous percevons. Est-ce que l’on doit rester passif? Devrait-on se mobiliser? De quelle manière réagir? Nous allons parler de tout cela en tentant d’éviter que le débat se transforme en exutoire pro ou anti-Trump. »
« Il s’agira de présenter les enjeux pour les municipalités. Nous serons au premier rang pour l’application de la loi.