Le Devoir

La quantité, c’est bien, mais la qualité, c’est mieux

Les nouvelles orientatio­ns pédagogiqu­es misent sur la qualité des milieux de garde

- MARIE-HÉLÈNE ALARIE Collaborat­ion spéciale

«L’accessibil­ité aux services éducatifs a toujours été un enjeu, mais on accueille à bras ouverts les nouvelles orientatio­ns qui misent sur la qualité des milieux», lance d’emblée Loriana Giuliani, directrice générale de Casiope, l’acronyme du Centre d’aide et de soutien aux intervenan­ts et organismes en petite enfance. Elle précise que les milieux de la petite enfance sont des endroits qui soutiennen­t le développem­ent des enfants et qu’«ils ont un rôle préventif pour que l’enfant arrive avec la meilleure préparatio­n pour rentrer à l’école ».

Dans la foulée du dépôt de sa politique de réussite éducative, le gouverneme­nt de Philippe Couillard s’apprête à imposer des mesures d’évaluation de la qualité éducative dans chaque milieu. « On salue cette initiative puisque tous les enfants ont le droit de se développer dans un milieu de qualité, mais il est important que tout ce processus d’améliorati­on et d’évaluation soit vu comme un levier du développem­ent profession­nel pour les éducatrice­s», ajoute-t-elle. Dans les faits, cette mesure d’évaluation devra aussi proposer un accompagne­ment afin de rendre possible la mise en place de changement­s de pratique durables.

C’est toutefois une autre mesure qui inquiète l’équipe de Casiope, soit l’élaboratio­n d’un dossier standardis­é pour chaque enfant fréquentan­t un Centre de la petite enfance (CPE). Si les parents le désirent, ce dossier pourra être remis à l’école lorsque l’enfant y fera son entrée en maternelle. «Le mot “standardis­é” nous préoccupe parce qu’il donne l’impression d’un outil qui provient du sommet pour redescendr­e vers la base et qui nous sera imposé», craint la directrice.

Selon Loriana Giuliani, il existe déjà des outils et des démarches qui permettent l’apparition de bonnes pratiques dans le milieu de la petite enfance, «et on pense qu’ils devraient être soutenues. On souhaite qu’il n’y ait pas d’outils “mur à mur”; ce serait ne pas tenir compte de l’expertise du terrain». Idéalement, on voudrait que le ministère soutienne ces mesures déjà en place afin d’éviter de repartir à zéro.

Depuis sa création il y a dix ans, Casiope développe des outils pédagogiqu­es et soutient des démarches. L’organisme a, par exemple, élaboré un outil d’évaluation et d’accompagne­ment pour soutenir le développem­ent des compétence­s profession­nelles des éducatrice­s en petite enfance. Un autre outil a été conçu en collaborat­ion avec une orthophoni­ste pour offrir des pistes d’observatio­n et des stratégies de stimulatio­n des habiletés de communicat­ion des enfants. Il y a aussi le programme À petits pas, composé de grilles de référence, qui permet de suivre le développem­ent de l’enfant et de dresser un portrait de son cheminemen­t. « Si on nous propose un outil standardis­é, ça vient éteindre ces démarches qui sont développée­s sur le terrain, qui sont solides et que les milieux utilisent et apprécient beaucoup», affirme la directrice.

«Les outils doivent permettre une image précise du développem­ent de l’enfant pour que les intervenan­ts s’y adaptent», explique Karine Busilacchi, responsabl­e du contenu pédagogiqu­e chez Casiope. Elle donne l’exemple de l’outil Passage à l’école. Destiné aux intervenan­ts des milieux de la petite enfance, préscolair­es et scolaires d’un même quartier, il prépare à bien accueillir l’enfant et considère tous les aspects que ce dernier doit développer pour bien réussir à l’école. «Ce sont des démarches propres à chaque enfant. Elles s’attardent à son développem­ent et ce sera l’environnem­ent qui devra s’adapter à l’enfant et non l’inverse », ajoute-t-elle.

La mission d’un organisme comme Casiope est d’éclairer les éducatrice­s sur le développem­ent de l’enfant puisque ce sont elles qui le côtoient au quotidien. Elles peuvent ainsi déceler ses besoins, en parler puis agir le plus rapidement possible s’il y a lieu. Déjà, plus d’une centaine de milieux font appel aux outils de Casiope. Ces derniers viennent de faire leur entrée dans 15 cégeps, où des enseignant­s en techniques d’éducation à l’enfance les utilisent pour permettre aux futures éducatrice­s d’entreprend­re des démarches réflexives quant aux besoins des enfants.

«On est favorables aux nouvelles mesures, mais on reste vigilantes sur la manière où elles se traduiront sur le terrain. On veut s’assurer que ces mesures reconnaiss­ent l’expertise des gens en place et s’arriment avec eux, parce qu’on croit que c’est de cette façon qu’on peut créer un changement et un développem­ent vers le meilleur», souhaite Loriana Giuliani.

Dans la foulée du dépôt de sa politique de réussite éducative, le gouverneme­nt de Philippe Couillard s’apprête à imposer des mesures d’évaluation de la qualité éducative dans chaque milieu

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ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR La mission d’un organisme comme Casiope est d’éclairer les éducatrice­s sur le développem­ent de l’enfant, puisque ce sont elles qui le côtoient au quotidien.

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