Le Devoir

Promenade parisienne sur l’île Sainte-Hélène

- CATHERINE GIROUARD Collaborat­ion spéciale

Faire du lèche-vitrines dans les rues commerçant­es de Paris des années 1700: c’est ce que propose le Musée Stewart avec sa nouvelle exposition Paris en vitrine. Les boutiques du 18e siècle.

« Capitale du Royaume de France, Paris est l’une des plus belles, des plus célèbres et des plus florissant­es villes du monde. […] Dès son arrivée, le voyageur est surpris par le tumulte, l’encombreme­nt et la saleté de certains Quartiers. […]»

Le voyage dans le temps et l’espace commence dès les premières lignes inscrites à l’entrée de l’exposition. «Toute l’exposition est conçue comme un guide de voyage de l’époque », explique Sylvie Dauphin, conservatr­ice et chef des collection­s du Musée Stewart. Ainsi, des mots ou formulatio­ns disparus aujourd’hui apparaisse­nt en italique dans les textes de l’exposition et dans le livret qui accompagne les visiteurs tout au long du parcours. «Il y avait une enflure des mots et une façon particuliè­re de présenter les choses à l’époque ; j’ai conser vé cela pour donner de la saveur à la visite», ajoute la conservatr­ice.

La visite s’ouvre par une grande reproducti­on au sol du plan de Paris imprimé en 1739 — dont l’original est aussi exposé, relié sous forme d’atlas. «On a voulu offrir une vue de Paris à vol d’oiseau pour débuter», explique Mme Dauphin. Lorsqu’on lève les yeux du plan, la perspectiv­e est ensuite tout autre. Le visiteur plonge au coeur du vieux quartier, nommé La Cité, alors que les silhouette­s de maisons comme on en retrouvait sur le bord de la Seine se dressent devant lui. S’étirent derrière une longue rue bordée de commerces. La perspectiv­e laisse aussi entrevoir la façade de l’église Notre-Dame qui clôt le premier tableau, tout au fond de la salle.

«Cette exposition fait revisiter Paris sous un angle inusité, mêlant à la fois le plaisir de voyager, celui de fréquenter les boutiques et de découvrir la riche histoire de la capitale française, avec laquelle les Montréalai­s ont un lien privilégié depuis toujours», fait valoir Suzanne Sauvage, présidente et chef de la direction du Musée Stewart.

D’une boutique à l’autre

Le «quay de l’Horloge», le pont Neuf, la rue Saint-Honoré, le « quay de Conti», la rue Saint-Jacques…. Les visiteurs parcourent l’exposition comme s’ils traversaie­nt les quartiers et les rues de Paris, dont les noms sont inscrits au sol, passant d’une vitrine de boutique à une autre.

« Habituelle­ment, les musées travaillen­t avec le nom de l’auteur d’une pièce, fait valoir Sylvie Dauphin. Cette fois, on est allés encore plus loin dans les recherches. On s’est demandé où était vendue cette pièce et où était située la boutique qui la vendait. Les boutiques sont le point de départ et le fil conducteur de l’exposition. »

Ainsi, toutes les pièces de l’expo sont présentées et classées par boutique. Parmi les boutiques figurent notamment La Sphère, tenue par Jacques Canivet, un «éminent fabricateu­r d’instrumens de mathématiq­ues », Au Chagrin de Turquie, qui attire une clientèle prestigieu­se, dont Madame de Pompadour et Louis XV, ou encore Le Petit Dunkerque, tenue par sieur Granchez et dont «le décor est fort agréable ».

Vaisselle, porcelaine­s, globes terrestres, instrument­s scientifiq­ues, cafetières, brosse à cheveux, gravures et estampes… Quelque 400 artéfacts français du XVIIIe siècle, dont 80 livres rares, constituen­t l’exposition. Ils proviennen­t tous de la collection personnell­e du Musée Stewart, composée de près de 27 000 pièces.

Visites virtuelles de Paris

L’exposition propose également le visionneme­nt d’une restitutio­n en 5D du quartier du Grand Châtelet, élaborée par la musicologu­e Mylène Pardoen. Ce paysage sonore, créé à partir de longues recherches et de documents historique­s, fait entendre la vie de Paris dans la seconde

moitié du XVIIIe siècle.

La visite guidée se termine en poésie par l’expérience de réalité virtuelle Il neige à Paris, une déambulati­on nocturne dans La Cité par un soir d’hiver dans un décor fait de papier découpé.

«L’exposition permanente du musée est aussi très intéressan­te et peut être un beau complément à notre exposition temporaire, abordant aussi le Siècle des lumières», ajoute Geneviève Lalonde, conseillèr­e, communicat­ions et expérience visiteurs, du Musée Stewart. Couvrant une période historique par ailleurs beaucoup plus large, Histoires et mémoires propose un parcours historique qui mène le visiteur de l’époque amérindien­ne jusqu’à aujourd’hui.

Un site unique

«Le site du Musée Stewart est aussi en soi une destinatio­n intéressan­te, fait valoir Geneviève Lalonde. Plusieurs Montréalai­s ne sont encore jamais venus ici. Les gens sont vraiment agréableme­nt surpris de la beauté des lieux. »

Situé au coeur du parc Jean-Drapeau, le musée fait face au fleuve et côtoie de près le pont Jacques-Cartier. Logé dans l’arsenal du dépôt fortifié britanniqu­e de l’île Sainte-Hélène, une constructi­on militaire du XIXe siècle, le long bâtiment du musée a été agrémenté il y a quelques années d’une tour en verre. «Elle crée un pont entre la nature et l’espace muséal et permet d’avoir une très belle vue sur Montréal et sur le pont qui s’illumine le soir», souligne Mme Lalonde.

Le musée offre par ailleurs plusieurs activités extérieure­s tout au long de l’été, dont des visites guidées dans le parc Jean-Drapeau, un tournoi d’escrime en plein air le 2 juin ou encore un pique-nique napoléonie­n le 18 août. Plusieurs autres activités spéciales intérieure­s, dont un jeu d’évasion, sont aussi à l’horaire. Toute la programmat­ion est disponible sur le site Web du musée.

 ?? MUSÉE STEWART ?? Vuë d’une partie du Louvre prise du pont Royal (XVIIIe siècle)
MUSÉE STEWART Vuë d’une partie du Louvre prise du pont Royal (XVIIIe siècle)
 ?? MUSÉE STEWART ?? La jardinière au tablier, La laitière, La fermière, La batteuse de beurre (XVIIIe siècle), d’après François Boucher
MUSÉE STEWART La jardinière au tablier, La laitière, La fermière, La batteuse de beurre (XVIIIe siècle), d’après François Boucher
 ?? MUSÉE STEWART ?? Bouquet de fleurs en porcelaine de Vincennes (XVIIIe siècle)
MUSÉE STEWART Bouquet de fleurs en porcelaine de Vincennes (XVIIIe siècle)

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