Le Devoir

Vers plus d’autonomie pour le protecteur de l’élève

- MARCO BÉLAIR-CIRINO Correspond­ant parlementa­ire à Québec JESSICA NADEAU

Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, veut faciliter la procédure de traitement des plaintes dans les écoles québécoise­s en consentant une plus grande autonomie au protecteur de l’élève. Il soumettra, mercredi, un projet de loi pour y arriver.

Le protecteur de l’élève est actuelleme­nt désigné par le conseil des commissair­es scolaires, ce qui mine son «indépendan­ce» et, par conséquent, sa «crédibilit­é», selon la protectric­e du citoyen, Marie Rinfret. « Lorsqu’ils en connaissen­t l’existence, [les parents] voient […] en lui un prolongeme­nt de la commission scolaire», écritelle dans un rapport publié le 31 octobre dernier. Qui plus est, «le fait de devoir s’adresser successive­ment à plusieurs intervenan­ts relevant de l’école et de la commission scolaire, avant même de pouvoir recourir au protecteur de l’élève, donne au processus les allures d’une course à obstacles», ajoute-telle. À ses yeux, « l’indépendan­ce du protecteur de l’élève doit être plus clairement établie, tant sur le plan du principe que de son action».

«Il y a un très grand travail, un gros travail qui a été fait, de la part du ministère», dans la foulée du dépôt du rapport de la protectric­e du citoyen, a mentionné M. Proulx durant une conférence de presse mardi.

Commission­s scolaires, comités de parents, associatio­ns de cadres des écoles publiques… Une quinzaine de représenta­nts de diverses organisati­ons et associatio­ns francophon­es et anglophone­s ont notamment été convoqués cet hiver pour une consultati­on à huis clos sur le rôle du protecteur de l’élève, selon une liste obtenue par Le Devoir en vertu de la Loi d’accès à l’informatio­n.

Les organismes étaient invités à se prononcer sur certaines recommanda­tions de la protectric­e du citoyen, notamment sur «l’indépendan­ce du protecteur de l’élève à renforcer», sur «l’impossibil­ité pour les protecteur­s de l’élève d’agir de leur propre initiative», sur l’ajout d’un «délai maximal pour le traitement des plaintes» et sur «l’ajout d’un pouvoir d’autosaisie», révèle le document de consultati­on.

Ils ont également été sondés sur l’idée de faire du protecteur de l’élève la porte d’entrée pour les parents insatisfai­ts d’une situation survenue dans l’école et d’offrir à ceux-ci un recours en deuxième instance si la réponse du protecteur de l’élève ne leur convient pas. Cette deuxième instance pourrait être le protecteur du citoyen.

«Il a beaucoup été question de l’indépendan­ce du protecteur de l’élève, et nous sommes tout à fait d’accord avec cela», a affirmé la présidente de l’associatio­n montréalai­se des directions d’établissem­ents scolaires, Hélène Bourdages. «Le protecteur de l’élève devrait relever du ministère et non pas de la commission scolaire, qui pourrait vouloir couvrir des fautes politiques, administra­tives ou financière­s. Tu ne peux pas recevoir ton chèque de paye de la main qui va recevoir ton rapport.»

La protectric­e du citoyen accueiller­a d’un bon oeil la loi visant principale­ment à renforcer le rôle du protecteur de l’élève et son indépendan­ce, pariait le ministre Sébastien Proulx mardi après-midi. «Je pense… je ne veux pas présumer de leur décision ou de leur interventi­on demain… mais je pense qu’ils seront satisfaits du projet de loi», a-t-il lancé à la presse.

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