Le Devoir

Pour la création d’un grand parc à Anjou

- COLLECTIF*

Quand les gestes et décisions du passé ne s’accordent plus avec la vision actuelle, il faut se donner le droit et les moyens de les changer. Ce qui est vrai pour l’ensemble de la métropole montréalai­se l’est tout autant à l’échelle des arrondisse­ments, Anjou y compris. C’est le cas à court terme pour le golf d’Anjou, actuelleme­nt zoné afin de le transforme­r en zone industriel­le. Or, ce golf pourrait avoir un bien meilleur avenir.

L’est de l’île de Montréal recèle des dizaines de millions de pieds carrés qui n’attendent que d’être revitalisé­s. Son potentiel de développem­ent économique est donc immense, cela sans gruger un pouce de l’actuel golf. La consolidat­ion et le développem­ent de l’emploi dans cette partie de l’île ne peuvent être des arguments acceptable­s pour s’opposer aujourd’hui à un concept de grand parc de l’Est, dont le terrain utilisé comme golf fait partie.

L’administra­tion municipale a ici une occasion de mettre en pratique la vision urbaine de Montréal du XXIe siècle, partagée par les citoyens, les organismes tant sociaux qu’environnem­entaux, le domaine de la santé publique et les acteurs économique­s : un milieu de vie sain, dynamique, équitable, résilient et durable. Comment? En préservant ce grand espace vert, le golf, pour le transforme­r en parc.

Montréal ne peut en faire l’économie, et Anjou en premier lieu. Avec le développem­ent anticipé de l’est de l’île pour les prochaines décennies, la création d’un grand parc montréalai­s, constitué du bois et du golf d’Anjou, est vitale pour répondre aux besoins de demain, d’autant plus que ceux d’aujourd’hui ne sont déjà pas comblés. Cette partie de l’agglomérat­ion est en effet vraiment déficitair­e en matière de parc.

Les résidents et les travailleu­rs de l’Est, et plus spécifique­ment de l’arrondisse­ment d’Anjou, ont donc tout à gagner de voir la Ville arrêter le développem­ent commercial et industriel sur le site du golf. En associant le terrain de golf au bois, un parc-nature laissé de côté depuis des dizaines d’années puisque toujours non accessible, la Ville ferait la démonstrat­ion de son souci d’équité territoria­le Est-Ouest concernant l’accès public à un espace vert récréatif d’envergure. Le verdisseme­nt des rues et des terrains privés est essentiel, mais cela ne remplace absolument pas la nécessité d’ajouter un grand parc dans ce secteur.

Les espaces verts sont reconnus pour être indispensa­bles en ville pour tous leurs bienfaits sur la santé, sur la lutte contre les changement­s climatique­s et l’adaptation à ceux-ci, sur la qualité des milieux de vie et même sur l’attractivi­té tant pour le résidentie­l que le commercial et l’industriel. Une fois cela dit, il faut agir en ce sens.

Nous attendons donc de la Ville de Montréal et de l’arrondisse­ment d’Anjou un geste fort menant ultimement à la création d’un grand parc dans l’Est. Pour cela, nous demandons, d’une part, à la ville centrale de protéger le golf d’Anjou et d’enclencher un processus d’acquisitio­n de ce dernier et, d’autre part, au maire d’Anjou d’appuyer cette formidable aventure qui permettra d’offrir à sa population un lieu récréatif majeur et placera son arrondisse­ment au coeur de cette vision durable de l’aménagemen­t des milieux de vie de la métropole du Québec.

*Signataire­s: Coralie Deny, directrice générale, Conseil régional de l’environnem­ent de Montréal; Daniel Duranleau, directeur général, Concertati­on Anjou; Andrew Gonzalez, directeur, Centre de la science de la biodiversi­té du Québec et professeur, Université McGill ; Laurent Gosselin, directeur général, Solidarité MercierEst; Karel Mayrand, Fondation David Suzuki; Raymond Moquin, président, Collectif en environnem­ent Mercier-Est; Sylvain Perron, Mouvement Ceinture verte; François Reeves, cardiologu­e d’interventi­on, CHUM et Cité de la santé de Laval.

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