Le Devoir

Trudeau aurait dit à Trump qu’il croit encore à un accord imminent

- ALEXANDER PANETTA à Washington

Le premier ministre Justin Trudeau aurait dit au président Donald Trump que la conclusion d’une entente sur l’Accord de libreéchan­ge nord-américain (ALENA) était encore possible dans un avenir rapproché pourvu que certaines demandes controvers­ées soient mises de côté. La conversati­on de haut niveau a eu lieu au cours d’une semaine perçue comme celle de la dernière chance pour conclure une entente avant que des rendez-vous électoraux au Mexique et aux États-Unis ne reportent le processus en 2019.

La descriptio­n du message de M. Trudeau à M. Trump a été dévoilée dans une entrevue à la télévision mexicaine: le ministre mexicain de l’Économie a révélé certains détails de la discussion tenue entre les deux dirigeants lundi. Lorsqu’il a été questionné sur cette conversati­on avec le président des États-Unis, mardi, M. Trudeau a confirmé avoir l’impression qu’un accord renégocié est réalisable dans un avenir rapproché et a répété publiqueme­nt un message similaire.

« Il y a tout à fait un possible dénouement imminent qui serait bon pour les États-Unis, bon pour le Canada, bon pour le Mexique — et nous sommes très près», a affirmé M. Trudeau lors d’une conférence de presse à Calgary. «Nous allons continuer au cours des prochains jours à travailler dur pour tenter d’y arriver. Nous savons qu’une entente n’est pas conclue tant qu’elle n’est pas conclue. Et nous continuero­ns de demeurer optimistes et déterminés dans nos efforts de résolution», a ajouté le premier ministre.

Questionné pour savoir s’il avait demandé au président Trump de réduire sa liste de demandes, M. Trudeau a dit: «Nous appuyons la défense de nos propres intérêts, tout en soulignant qu’il est très possible d’en arriver [à un dénouement] gagnant-gagnant-gagnant. »

Une semaine cruciale

Les trois pays tentent d’établir une ronde ministérie­lle supplément­aire cette semaine, après quoi il pourrait être trop tard pour respecter les échéancier­s aux États-Unis en vue d’un vote du Congrès sur l’entente avant les élections de mimandat. Les trois pays tireraient certains bénéfices d’une entente rapide : le Canada vise à calmer les inquiétude­s de certains investisse­urs, le Mexique souhaite conclure le dossier avant l’élection présidenti­elle de juillet et les ÉtatsUnis veulent offrir de la stabilité à des exportateu­rs agricoles en difficulté.

Les parties naviguent contre des marées d’enjeux non résolus et même des ordres du jour conflictue­ls; des sources internes affirment qu’il y a des opinions mitigées au sein du gouverneme­nt américain sur la pertinence de rondes additionne­lles cette semaine. Des mois d’efforts pour tenter de dénouer l’enjeu des pièces automobile­s ont laissé en plan nombre d’autres irritants, incluant les produits laitiers, les produits pharmaceut­iques, le mécanisme de règlement des différends, les marchés publics et la demande américaine pour une clause de résiliatio­n de cinq ans.

Il ne faut pas s’attendre à ce qu’une entente sur un nouvel ALENA soit conclue d’ici la date limite de cette semaine, a prévenu mardi le ministre mexicain de l’Économie. Lors d’une déclaratio­n au réseau mexicain Televisa, Ildefonoso Guajardo a dit qu’il ne croyait pas qu’une entente serait conclue d’ici jeudi, une date identifiée par le Congrès américain comme la plus tardive pour s’assurer que ses membres puissent voter sur le projet cette année.

Selon M. Guajardo, les États-Unis doivent se montrer plus flexibles sur certaines des principale­s propositio­ns de l’ALENA, et il ne croit pas que cela se produira d’ici jeudi.

Pour sa part, le président de la Chambre des représenta­nts, Paul Ryan, a exhorté le gouverneme­nt Trump à faire connaître ses intentions sur l’ALENA d’ici jeudi soir s’il veut que le Congrès, actuelleme­nt contrôlé par le Parti républicai­n, puisse voter sur un éventuel nouvel accord. À l’approche des élections de mi-mandat (« midterm elections ») le 6 novembre, le compte à rebours a donc commencé pour les négociateu­rs de Donald Trump.

Le gouverneme­nt Trump bénéficie actuelleme­nt d’une procédure dite « fast track » (ou «Trade Promotion Authority»), qui permet au président de faire voter les accords commerciau­x par le Congrès sans que celui-ci ait la possibilit­é de les amender. Pour l’heure, les élus n’ont pas signifié leur intention de prolonger cette procédure, bien que Donald Trump ait demandé à ce qu’elle soit étendue de trois ans. Faute de progrès sur cette question, les négociatio­ns pourraient être suspendues pendant de longs mois.

 ?? JEFF CHIU ASSOCIATED PRESS ?? Justin Trudeau a confirmé avoir l’impression qu’un accord renégocié est réalisable dans un avenir rapproché et a répété publiqueme­nt un message similaire.
JEFF CHIU ASSOCIATED PRESS Justin Trudeau a confirmé avoir l’impression qu’un accord renégocié est réalisable dans un avenir rapproché et a répété publiqueme­nt un message similaire.

Newspapers in French

Newspapers from Canada