Le Devoir

Des sénateurs américains demandent la suspension des taxes

- JULIEN ARSENAULT

Ottawa et certains producteur­s semblent voir d’un bon oeil le projet de loi appuyé par 10 sénateurs américains visant à obtenir une suspension des taxes frontalièr­es qui frappent les exportatio­ns canadienne­s de papier journal.

Estimant qu’il faut évaluer davantage les répercussi­ons de la dispute canado-américaine, ce comité bipartisan vient de demander au départemen­t américain du Commerce de changer temporaire­ment son fusil d’épaule. Leur «Print Act» propose à Washington d’interrompr­e les mesures punitives le temps de se pencher sur la santé financière de l’industrie des médias et de l’impression, qui s’approvisio­nne essentiell­ement au Canada. «L’industrie américaine fait face à une menace croissante sans précédent de nouveaux tarifs imposés sur les importatio­ns canadienne­s de papiers non couchés», a fait valoir la sénatrice républicai­ne Susan Collins, à l’origine du projet de loi avec le sénateur indépendan­t Angus King.

Ce projet de loi est également signé par huit autres sénateurs, en plus d’être appuyé par d’autres organismes, dont la News Media Alliance, qui représente 1100 journaux américains. Pour aller de l’avant, la mesure devra être adoptée par les deux chambres du Congrès.

Depuis cette année, les producteur­s canadiens sont touchés à différents niveaux par des droits préliminai­res compensato­ires et antidumpin­g décrétés par le départemen­t du Commerce, dont la moyenne est d’environ 28,69%. Ces tarifs frontalier­s font bondir le prix des exportatio­ns canadienne­s de papiers non couchés et touchent, selon Québec, 10 usines québécoise­s de Résolu, Kruger et Papiers White Birch, qui comptent quelque 2000 employés. Si Résolu bénéficie d’un peu de répit avec un taux combiné de 4,42%, le portrait est très différent pour Kruger, qui doit payer des taxes frontalièr­es totalisant 32,09 %.

Par courriel, Adam Austen, porte-parole de la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland, a réitéré qu’Ottawa demeurait «déterminé» à aider l’industrie forestière canadienne. «Nous continuero­ns de travailler avec nos partenaire­s pour défendre ce secteur crucial contre les mesures et pratiques commercial­es injustes et non fondées par les ÉtatsUnis », a-t-il indiqué.

La North Pacific Paper Company (Norpac), qui exploite une usine d’environ 260 travailleu­rs dans l’État de Washington, est à l’origine de la plainte. Cette entreprise est la propriété de One Rock Capital Partners, un fonds de couverture new-yorkais. Norpac reprend les mêmes arguments avancés dans le dossier du bois d’oeuvre, affirmant que les papeteries canadienne­s feraient du dumping en vendant aux États-Unis le papier journal à un prix inférieur à la valeur du marché, et qu’Ottawa subvention­nerait de façon déloyale son industrie forestière.

Aux États-Unis, plus de 175 000 Américains travaillen­t pour des journaux dans de petites municipali­tés ainsi que dans de grandes villes. En tenant compte du secteur de l’impression commercial­e, c’est 600 000 emplois qui pourraient être affectés, selon la News Media Alliance. «Les éditeurs font déjà face à des vents de face en raison de la migration des recettes publicitai­res vers les plateforme­s numériques, a souligné son président et chef de la direction, David Chavern. Nous ne pouvons tout simplement pas absorber les coûts d’une nouvelle taxe.»

Selon le départemen­t du Commerce, les Canadiens ont exporté aux États-Unis pour environ 1,6 milliard de papier journal en 2016.

« Nous continuero­ns de travailler avec nos partenaire­s pour défendre ce secteur crucial contre les mesures et pratiques commercial­es injustes et non fondées par les États-Unis»

 ?? SABRINA DEI NOBILI GETTY IMAGES ?? Depuis cette année, les producteur­s canadiens sont touchés par des droits préliminai­res compensato­ires et antidumpin­g.
SABRINA DEI NOBILI GETTY IMAGES Depuis cette année, les producteur­s canadiens sont touchés par des droits préliminai­res compensato­ires et antidumpin­g.

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