Le Devoir

La Cour entendra l’action collective des ex-employés d’Aveos contre Air Canada

- PIERRE SAINT-ARNAUD

Les ex-employés d’Aveos ne lâchent pas prise dans leur guerre juridique contre Air Canada. La Cour supérieure vient d’autoriser l’action collective réclamée par ceux-ci contre le transporte­ur aérien national, qui pourrait être forcé à débourser des dizaines de millions de dollars si jamais les ex-employés obtenaient gain de cause.

À l’origine, Aveos était une filiale d’Air Canada qui effectuait d’importants travaux d’entretien sur ses appareils. Au moment de sa fermeture, en 2012, Aveos comptait plus de 2600 employés, dont 1800 à Montréal, plus de

400 à Winnipeg, plus de 350 à Vancouver et une centaine à Mississaug­a en Ontario. En 2004, Air Canada avait créé une nouvelle entité — Air Canada Technical Services — et s’était départie, en 2007, de 70% des actions d’ACTS, désormais appelée Aveos et devenue dès lors un sous-traitant dont près de 90% des contrats provenaien­t de l’ancienne maison mère. Air Canada avait toutefois graduellem­ent diminué les contrats d’entretien au profit de sous-traitants à l’étranger et Aveos, en 2012, avait finalement dû fermer ses portes faute de commandes suffisante­s.

Or, la loi qui avait permis la privatisat­ion d’Air Canada en 1988 obligeait le transporte­ur à «maintenir les centres d’entretien et de révision» situés à Montréal, Winnipeg et Mississaug­a (les installati­ons de Vancouver avaient été acquises après la loi de 1988 et n’étaient pas incluses). La Cour supérieure et cinq juges de la Cour d’appel du Québec ont déjà unanimemen­t conclu qu’Air Canada a effectivem­ent contrevenu à cette loi.

Le juge Jean-François Michaud accueille donc la demande d’action collective, qui vise «plusieurs milliers» de personnes, selon la firme d’avocats qui pilote le dossier pour les ex-employés, à savoir les travailleu­rs qui occupaient un emploi dans les centres de révision et d’entretien d’Air Canada de Montréal, de Winnipeg et de Mississaug­a lorsqu’Aveos a fermé ses portes le 18 mars 2012, ainsi que les conjoints, héritiers et ayants droit de ces travailleu­rs.

L’action collective allègue aussi qu’Air Canada a agi de mauvaise foi, notamment en provoquant volontaire­ment la déconfitur­e d’Aveos, une question qui sera examinée dans le cadre de l’action collective et qui pourra ouvrir la voie à des dommages punitifs.

Dans sa décision, le juge Michaud estime que le représenta­nt des membres, l’ex-employé Gilbert McMullen, «a démontré une apparence sérieuse de droit». Le magistrat ajoute que «les allégation­s de violation de la loi trouvent appui sur la chronologi­e des événements et révèlent qu’Air Canada a diminué de manière significat­ive les activités d’entretien et de révision aux centres ».

Les avocats au dossier notent qu’il est « difficile pour le moment d’évaluer le montant total qu’Air Canada pourrait être appelée à verser à la suite d’un jugement au mérite », mais ils estiment «qu’il se chiffre à plus de 100 millions de dollars ».

L’action collective allègue qu’Air Canada a agi de mauvaise foi en provoquant volontaire­ment la déconfitur­e d’Aveos

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ANDREW VAUGHAN LA PRESSE CANADIENNE Les avocats au dossier notent qu’il est «difficile pour le moment d’évaluer le montant total qu’Air Canada pourrait être appelée à verser à la suite d’un jugement au mérite».

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