Ouverture d’un procès pour des ventes d’armes illégales au Mexique
Les armes auraient été utilisées dans un massacre d’étudiants en 2014
Berlin — Six anciens employés du fabricant d’armes allemand Heckler & Koch (H & K) ont comparu mardi devant un tribunal pour la vente illégale de plusieurs milliers d’armes au Mexique, pays rongé par la violence.
Des militants des droits de la personne, dont plusieurs dizaines ont manifesté mardi à l’ouverture du procès à Stuttgart, affirment que les armes incriminées ont pu notamment être utilisées dans le massacre présumé de 43 étudiants mexicains en 2014.
Les six prévenus sont soupçonnés d’avoir vendu entre 2006 et 2009 au Mexique, en infraction avec la législation allemande sur les ventes d’armes, des milliers de fusils d’assaut automatiques HK G36.
Il s’agit de deux anciens directeurs généraux, de deux ex-directeurs commerciaux, d’une employée commerciale et d’un ancien représentant de la firme au Mexique, âgés de 54 à 77 ans.
Les prévenus encourent jusqu’à cinq ans de prison. L’entreprise Heckler & Koch pourrait également se voir infliger une amende.
Selon l’accusation, les prévenus savaient pertinemment que les armes allaient échouer dans des États mexicains minés par la violence, chose que la licence d’exportation interdisait formellement. La loi allemande sur le contrôle des armes interdit que des armes fabriquées par des entreprises nationales soient livrées dans des zones de conflit.
Selon les médias allemands, le ministère mexicain de la Défense a, lui, bien approuvé l’achat de 9652 fusils H & K, dont 4796 ont fini dans des États comme le Guerrero, gangrenés par la corruption et la violence des cartels de la drogue.
Selon les militants des droits de la personne, des fusils HK G36 ont été envoyés à la police d’Iguala, une ville du Guerrero, où six étudiants sont morts et 43 ont disparu en septembre 2014. Ils avaient été livrés aux mains d’un cartel de la drogue.
«Ceux qui ont autorisé ces exportations d’armes […] sont complices d’assassinats», a déclaré un des défenseurs des droits de la personne, Jürgen Grässlin, à la télévision publique régionale allemande SWR.
M. Grässlin, qui avait porté plainte en 2010, est à l’origine de l’affaire. Il avait été contacté par un ancien employé de H & K mécontent de ces ventes.
Selon lui, il est notoire que, dans certains États mexicains, criminels et policiers utilisent le G36 et que «souvent les deux groupes coopéraient ».
Le procès qui s’est ouvert mardi doit durer jusqu’à fin octobre.