Le Devoir

Un petit plat réconforta­nt

Danielle Proulx et Stéphanie Labbé forment un sympathiqu­e duo mère-fille dans Il faudra bien qu’un jour

- MARIE LABRECQUE

IL FAUDRA BIEN QU’UN JOUR

Texte de Stéphanie Labbé. Mise en scène d’Édith Patenaude. Conseiller dramaturgi­que : Guillaume Corbeil. Dans la salle de répétition de La Licorne, jusqu’au 18 mai. En supplément­aires les 22, 24 et 25 mai.

Pour la troisième production de La Licorne, ses 5 à 7 accueillen­t une création de la comédienne Stéphanie Labbé. Rappelons que ces charmants apéros théâtraux instaurés par la compagnie LAB87 combinent, dans une ambiance décontract­ée, une pièce de moins d’une heure, une bière et un en-cas (ici une pointe de pizza). Il faudra bien qu’un jour tourne d’ailleurs beaucoup autour de la nourriture, point de discorde, puis occasion de partage entre les personnage­s, un classique duo mère-fille.

La Montréalai­se Luce (la très chaleureus­e Danielle Proulx) débarque sans prévenir chez sa fille de 30 ans, à Laval. Une visite impromptue que Marie (l’auteure ellemême) reçoit d’assez mauvaise grâce. Les deux femmes, très différente­s, peinent à écouter l’autre. Marie a abandonné ses aspiration­s d’écrivaine pour gagner sa vie en fabricant des confitures, un renoncemen­t à ses rêves, selon sa mère. Lorsque cette dernière entreprend un grand nettoyage du frigo (représenté joliment par une étagère garnie de pots Mason colorés), l’opération devient aussi une occasion de faire le ménage dans leur relation.

La comédie dramatique joue d’abord sur des opposition­s assez convenues, entre la banlieusar­de à la vie rangée et la citadine exubérante. Puis les monologues parallèles font place à une réelle conversati­on, où les découverte­s, tristes ou joyeuses, ne manqueront pas. La vie, la mort, les relations familiales et amoureuses: le texte effleure un vaste terrain en une heure. Beaucoup de grandes révélation­s pour une seule rencontre, mais les dialogues s’enchaînent bien et sonnent généraleme­nt vrais. Stéphanie Labbé, qui avait déjà signé une première pièce (Super Poulet, en 2010), y injecte de l’humour et de l’émotion. Bref, la recette de cette petite collation théâtrale est simple et convention­nelle, mais efficace.

Organisé en bi-frontal autour d’un espace de jeu central, le spectacle mis en scène par Édith Patenaude est agréableme­nt ponctué par des chansons de Beau Dommage. Au début et à la fin, la diffusion, assez amusante, de messages sur répondeur permet de mesurer l’évolution dans le lien mère-fille, tout en encadrant formelleme­nt la représenta­tion.

Mais Il faudra bien qu’un jour est avant tout une pièce axée sur les personnage­s, et un véhicule pour ses interprète­s. Et c’est pour elles, pour la complicité naturelle qui s’est nouée entre Stéphanie Labbé et Danielle Proulx, qu’on savoure ce face à face très rapproché.

La vie, la mort, les relations familiales et amoureuses: le texte effleure un vaste terrain en seulement une heure

 ?? YVES RENAUD ?? Dans cette pièce présentée à La Licorne, Danielle Proulx et Stéphanie Labbé jouent respective­ment une mère, citadine montréalai­se exubérante, et sa fille, une banlieusar­de à la vie rangée.
YVES RENAUD Dans cette pièce présentée à La Licorne, Danielle Proulx et Stéphanie Labbé jouent respective­ment une mère, citadine montréalai­se exubérante, et sa fille, une banlieusar­de à la vie rangée.

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