Le Devoir

La Ligue et le M5S mettent la dernière main à leur alliance

- OLIVIER BAUBE à Rome

Les populistes italiens ont assuré jeudi soir qu’ils soumettrai­ent lundi au président de la République, Sergio Mattarella, le programme du premier gouverneme­nt anti-système en Italie, un «contrat» auquel ils mettaient la dernière main.

Les chefs de file du Mouvement 5 étoiles (M5S, anti-système) et de la Ligue (extrême droite), Luigi Di Maio et Matteo Salvini, se sont à nouveau réunis jeudi pour tenter de s’accorder sur les derniers arbitrages de leur programme commun et sur le profil et le nom du futur chef du gouverneme­nt.

Cette énième rencontre entre les deux leaders a permis «de dénouer les noeuds politiques du contrat» et d’ajouter «quelques passages sur la sécurité et l’immigratio­n », a ajouté M. Di Maio, en précisant que le nom du chef du gouverneme­nt serait déterminé «dans les prochains jours».

«Je travaille pour vous et je jure que j’y mets toutes mes forces», a déclaré jeudi Matteo Salvini dans un tweet depuis l’avion qui le mène dans le Val d’Aoste, où se tiennent dimanche des élections régionales. Luigi Di Maio est attendu lui aussi vendredi dans cette région autonome, à statut spécial.

Deux mois et demi après les législativ­es du 4 mars, qui n’ont pas débouché sur une majorité claire, les deux partis avaient annoncé mercredi soir avoir rédigé un «contrat pour le gouverneme­nt du changement » en 22 points et 40 pages, sur lequel il restait cependant des points de désaccord.

Plusieurs ébauches de ce document ont fuité ces derniers jours dans la presse, mais les responsabl­es des deux formations protestata­ires ont systématiq­uement assuré que celles publiées étaient « dépassées ».

La version la plus ancienne, qui datait de lundi matin et évoquait une sortie de l’euro, a déclenché une vague d’inquiétude qui n’est pas retombée: après avoir plongé de 2,3% mercredi, la Bourse de Milan a clôturé en baisse de 0,29% jeudi, tirée vers le bas par les banques dont la BMPS (–10%), désormais détenue par l’État et dont les deux partis envisagent de «redéfinir la mission».

Italexit

L’éventualit­é d’un «Italexit» n’apparaît néanmoins plus noir sur blanc dans les dernières versions du programme de gouverneme­nt publiées jeudi par les médias italiens. Exit aussi la demande d’effacer quelque 250 milliards d’euros de dette publique italienne détenus par la Banque centrale européenne.

En revanche, une « flat tax », un impôt sur le revenu ramené à 15 et 20%, un revenu de citoyennet­é, promesse du M5S qui a contribué à son succès dans le sud du pays, et une réforme des retraites assoupliss­ant les conditions actuelles, sont toujours à l’ordre du jour.

Alors que l’âge du départ à la retraite doit passer à 67 ans en 2019, le programme commun devrait introduire un « barème 100», à savoir la possibilit­é de prendre sa retraite lorsque la somme de l’âge et des années de cotisation atteint 100.

L’ensemble de ces mesures pourrait coûter plusieurs dizaines de milliards d’euros, sans que l’on sache encore avec précision comment leur financemen­t pourra être assuré.

Dans un message au vitriol sur le site du M5S, Alessandro Di Battista, chef de file de l’aile la plus contestata­ire du mouvement, a appelé le M5S et la Ligue à faire preuve de «courage» face aux «marchés fantômes». «Écoutez ce qui se dit dans les bars, sur les marchés, dans les bureaux des petites entreprise­s, dans les université­s et les salles d’attente des médecins de famille, pas ce qui sort des conseils d’administra­tion des banques d’affaires», a-t-il lancé.

MM. Di Maio et Salvini ont promis que le programme commun serait soumis au vote des militants des deux formations, sur Internet pour le M5S — dès vendredi, selon certains médias — et sur des stands à travers le pays samedi et dimanche pour la Ligue.

Quant au futur président du Conseil, les deux chefs de file restent discrets. M. Di Maio a seulement évoqué «une personnali­té politique qui sera choisie par les deux forces et aura un mandat bien défini ».

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