Le Devoir

Langues officielle­s : il faut aller plus loin

- MÉLANIE JOLY Ministre du Patrimoine canadien et ministre responsabl­e des Langues officielle­s

Le 28 mars dernier, le premier ministre et moi avons présenté, au nom du gouverneme­nt, un nouveau plan d’action sur les langues officielle­s. Ce plan inclut des investisse­ments historique­s de 2,7 milliards sur cinq ans, dont 500 millions de nouveaux fonds destinés en grande partie à soutenir nos communauté­s linguistiq­ues en situation minoritair­e. Alors que nous nous apprêtons à annoncer l’allocation des fonds, il m’apparaît opportun d’expliquer la vision de notre gouverneme­nt en la matière.

Tout d’abord, nous réaffirmon­s l’importance de la dualité linguistiq­ue. Elle est, avec la défense des droits et libertés protégés par la Charte canadienne et la Réconcilia­tion avec les peuples autochtone­s, l’un des trois piliers du contrat social qui nous unit.

Le concept de dualité linguistiq­ue s’est véritablem­ent incarné en 1969 avec l’adoption de la Loi sur les langues officielle­s par le gouverneme­nt de Pierre Elliott Trudeau. L’avancée fondamenta­le, qui s’appliquait à tous les Canadiens mais qui visait essentiell­ement les francophon­es, consistait alors à reconnaîtr­e un droit individuel de communique­r avec le gouverneme­nt fédéral et d’en obtenir des services dans la langue officielle de son choix. Étaient aussi mis en place des programmes encouragea­nt le bilinguism­e et ouvrant la porte à la revendicat­ion de nouveaux espaces de vie dans sa langue. Ces droits ont ensuite été étendus à l’accès à l’éducation dans la langue de la minorité et à la langue de travail.

Ces mesures ont porté leurs fruits, mais il est maintenant temps d’aller encore plus loin. En effet, force est de reconnaîtr­e que la dualité linguistiq­ue prend une dimension collective, dont la promotion et la protection passent par le soutien à la pérennité des communauté­s minoritair­es, qu’elles soient de Moncton, de Saint-Boniface ou de Whitehorse. Le sentiment de sécurité linguistiq­ue auquel aspirent leurs membres requiert des communauté­s dynamiques pourvues d’institutio­ns et de moyens. Il s’agit là de la pierre angulaire de notre plan.

Objectifs ambitieux

Cette approche est nécessaire, car les données sont préoccupan­tes. Nous venons de vivre une décennie d’indifféren­ce conservatr­ice envers les langues officielle­s, décennie durant laquelle il n’y a eu aucun nouvel investisse­ment, plutôt des coupes. Résultat: les recensemen­ts successifs révèlent que la population du Canada augmente plus rapidement que le nombre de francophon­es. De plus, le taux de bilinguism­e stagne chez la majorité anglophone hors Québec. Notre plan fixe des objectifs ambitieux: afin de contrer cette tendance, nous visons à restaurer la proportion relative des francophon­es hors Québec et à y augmenter le taux de bilinguism­e des anglophone­s.

La majorité des nouveaux investisse­ments sont ainsi destinés aux communauté­s. Notre plan les outille pour qu’elles s’adaptent aux nouvelles réalités que sont notamment le vieillisse­ment de la population et l’intégratio­n des nouveaux arrivants. Il soutient la promotion de l’immigratio­n francophon­e et facilite l’accueil et l’intégratio­n des nouveaux arrivants. Il appuie les garderies en français pour intégrer les enfants dans cette langue dès leur plus jeune âge. Il soutient le recrutemen­t d’enseignant­s de français pour en contrer la pénurie et investit dans les infrastruc­tures scolaires et communauta­ires. Nous outillons également les communauté­s anglophone­s du Québec hors de Montréal afin de leur permettre de relever les défis qui leur sont propres. Notre plan est un vote de confiance envers les organismes communauta­ires et une reconnaiss­ance que leur vitalité ne peut être assurée que si de nouveaux services sont offerts «par et pour» les communauté­s.

La Loi sur les langues officielle­s soufflera 50 bougies l’an prochain. Depuis son entrée en vigueur, le soutien offert par le gouverneme­nt fédéral s’est adapté et progressiv­ement étendu. Ce faisant, il a permis l’émergence de génération­s de Canadiens à la fois attachés à leur langue première et fiers de la dualité linguistiq­ue qui distingue notre pays. Ce sont eux qui aujourd’hui portent le flambeau. Un gouverneme­nt Trudeau sera une fois de plus à leurs côtés.

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