Le Devoir

Se ressourcer pour mieux soigner

Les soins sont au coeur du Carrefour d’innovation du Monastère des Augustines

- ALICE MARIETTE Collaborat­ion spéciale

Poursuivre la mission des soeurs augustines, voilà la volonté qu’avait le Monastère des Augustines lorsqu’il a lancé son projet de Carrefour d’innovation en santé globale, un lieu d’apprentiss­age pour prendre soin de ceux qui prennent soin.

«Les soeurs augustines ont vraiment participé à l’évolution de la pensée médicale occidental­e, elles sont comme les fondatrice­s de notre système de santé», rappelle d’emblée Isabelle Duchesneau, directrice générale du Monastère. On leur doit effectivem­ent le premier hôpital en Amérique du Nord, construit à leur arrivée dans la province en 1639.

Après des siècles à prendre soin des malades, les soeurs ont finalement légué leur patrimoine à la population du Québec: les ailes du premier hôpital, un lieu «fondateur de notre pays», selon Mme Duchesneau, mais aussi 40 000 objets de collection et un kilomètre d’archives. « Quand on dit conserver religieuse­ment, cela prend tout son sens ici, car il s’agit des archives les mieux conservées au Canada!» lance la directrice.

En 2015, le Monastère, qui se situe dans le Vieux-Québec, a rouvert ses portes, fraîchemen­t rénové et abritant dorénavant un hôtel, un musée et un centre d’archives. « Dans l’ancrage de leur approche, tout a été pensé pour prendre soin des gens », mentionne Mme Duchesneau.

Innovation­s sociales

Pour perpétuer l’héritage des soeurs, l’équipe du Monastère a décidé de développer la mission sociale et de lancer fin 2017 son Carrefour d’innovation en santé globale. Véritable pôle d’innovation sociale, le Carrefour a pour objectif d’étudier et de mener de la recherche-action sur les interventi­ons en santé globale, mais aussi sur les bienfaits des séjours de ressourcem­ent.

«Le Monastère va devenir un laboratoir­e vivant et, comme le mot le dit, un carrefour rassemble des individus, des organismes, des partenaire­s qui s’occupent de la santé préventive dans une approche de santé globale et durable. Pour cela, il faut passer par la transforma­tion personnell­e des gens pour qu’ils deviennent plus autonomes face à leur propre santé. On accompagne les individus vers cette autonomie physique, mentale, émotionnel­le et spirituell­e », explique Mme Duchesneau.

Si le Carrefour est avant tout un lieu physique, une approche virtuelle est aussi envisagée, avec une plateforme pour assurer le transfert de connaissan­ces au-delà des murs.

Archivage

Le premier objectif du Carrefour est de continuer le travail colossal d’archivage mené par les soeurs au fil du temps. «Toute l’histoire des sciences de la santé est ici et pour continuer dans la lignée de l’archivage, nous allons passer par la recherche et tout documenter scientifiq­uement», explique la directrice générale.

Ce premier objectif est rendu notamment possible grâce au partenaria­t avec l’Université Laval. En outre, un premier projet-pilote de séjours de bien-être et de ressourcem­ent pour les étudiants en médecine de l’Université Laval a été mené en mars dernier. La Chaire de leadership en enseigneme­nt en pédagogie des sciences de la santé de l’Université Laval était présente pour observer les étudiants, en vue de déterminer s’il est pertinent de proposer ce type de séjour dans la formation des sciences de la santé. «Comment peut-on être soignant sans s’occuper de nous-même ? » glisse Mme Duchesneau.

Proches aidants

Par ailleurs, le Carrefour va aussi accompagne­r les proches aidants. « Depuis notre ouverture, nous avons une suite pour eux, pour leur offrir un moment de répit, mais on aimerait aller plus en profondeur, chercher comment bonifier les séjours et les approches», décrit Mme Duchesneau, ajoutant envisager du mentorat.

L’équipe souhaite aussi étudier l’épuisement des dirigeants en milieux sociaux et communauta­ires, pour tenter de travailler sur la prévention, toujours dans une perspectiv­e globale. «La grande vision du Carrefour est un bienêtre individuel pour un bien-être collectif », détaille la directrice. Et des choses sont à puiser dans l’histoire: les soeurs augustines prenaient toujours le temps de se ressourcer. «On peut s’en inspirer et trouver des façons de se reconnecte­r, avec la méditation ou encore le yoga», pense Mme Duchesneau.

Enfin, le Carrefour se fera «à hauteur de partenaria­ts stratégiqu­es et financiers», et le Monastère ne peut agir seul. Aujourd’hui, en plus de l’Université Laval, le projet est ainsi soutenu par Alliance santé Québec et le CHU. «Nous avons été mobilisate­urs, initiateur­s, ce que nous faisons collective­ment, c’est unique au monde, car le legs est unique et il a été fait à nous tous», conclut Mme Duchesneau.

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La grande vision du Carrefour est un bien-être » individuel pour un bien-être collectif

Isabelle Duchesneau, directrice générale du Monastère des Augustines

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RENAUD PHILIPPE LE DEVOIR Le Monastère des Augustines, à Québec

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