Le Devoir

Le régime a éjecté le groupe EI de Damas

- RIM HADDAD à Damas ROUBA EL HUSSEINI à Beyrouth

Le régime de Bachar al-Assad a repris lundi le contrôle «total» de Damas et de ses environs pour la première fois depuis 2012, après une bataille féroce remportée contre le groupe armé État islamique (EI).

En deux jours, plus d’un millier de djihadiste­s ont été évacués de secteurs au sud de Damas et du camp de réfugiés palestinie­ns de Yarmouk, permettant l’entrée des forces prorégime dans ces zones soumises depuis plus d’un mois à des bombardeme­nts, selon l’Observatoi­re syrien des droits de l’homme (OSDH).

Les unités de l’armée ont «réussi à exterminer un grand nombre de combattant­s du groupe terroriste [EI], ce qui leur a permis de prendre le contrôle de Hajar al-Aswad et de Yarmouk», a déclaré un porte-parole militaire syrien.

«Damas et ses environs sont désormais totalement sécurisés», a-t-il proclamé, plus d’un mois après la reprise aux rebelles de la totalité de la région de la Ghouta orientale, près de Damas.

En un mois d’offensive dans le dernier réduit repris au groupe EI, plus de 250 membres des forces prorégime ont été tués, ainsi que 233 djihadiste­s et plus de 60 civils, selon l’OSDH, qui dispose d’un vaste réseau de sources dans le pays en guerre.

Série de victoires

Au milieu des amas de ruines dans le camp de Yarmouk et à Hajar al-Aswad, des soldats tiraient en l’air, a constaté un correspond­ant de l’AFP emmené avec d’autres journalist­es dans une tournée organisée par le ministère de l’Informatio­n.

Des colonnes de fumée se dégageaien­t toujours de certains secteurs, tandis que des voitures et des immeubles étaient encore en feu.

Selon l’OSDH, «1600 combattant­s et civils» ont été évacués vers une région désertique contrôlée par le groupe EI dans l’est du pays.

Depuis septembre 2015 et l’interventi­on militaire de l’allié russe, le régime syrien a multiplié les victoires face aux rebelles et aux djihadiste­s, grâce aussi à l’aide de l’Iran et du Hezbollah libanais. Il contrôle désormais plus de 60% du territoire, mais les provinces d’Idleb et de Deraa continuent de lui échapper.

Avant le déclenchem­ent du conflit syrien en 2011, quelque 160 000 personnes vivaient à Yarmouk, le plus grand camp de réfugiés palestinie­ns en Syrie. Seules quelques centaines y résident encore.

L’opération d’évacuation a débuté dimanche, après un cessez-le-feu entre le régime et le groupe EI, selon l’OSDH.

Le gouverneme­nt syrien n’a pas confirmé l’existence d’un accord avec l’organisati­on extrémiste.

Loin des médias

Selon M. Abdel Rahmane, l’opération a eu lieu « dans le secret » et loin des médias pour s’assurer que le convoi de djihadiste­s ne serait pas visé par des bombardeme­nts de la coalition internatio­nale menée par Washington qui combat le groupe EI dans l’Est syrien.

Une évacuation négociée de djihadiste­s — comme celle qui avait été coordonnée en août par le Hezbollah depuis le Liban vers l’Est syrien — pourrait être dénoncée comme un simple déplacemen­t du problème que pose la présence du groupe EI en Syrie.

L’EI ne contrôle plus qu’environ 3% du territoire syrien. Et dans l’est de la province orientale de Deir Ezzor, le groupe djihadiste perd aussi du terrain face à une alliance arabo-kurde soutenue par des troupes françaises et américaine­s présentes au sol, selon l’OSDH.

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LOUAI BESHARA AGENCE FRANCE-PRESSE Des soldats du régime arpentaien­t une rue détruite à l’entrée du camp de réfugiés palestinie­ns de Yarmouk, en Syrie, lundi.

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