L’Université du Québec souffle ses 50 bougies
Le 18 décembre 1968 marque la naissance du réseau de l’Université du Québec (UQ), créé par le premier ministre de l’époque, JeanJacques Bertrand, qui soumet à l’Assemblée nationale le projet de loi 88. Accroître le niveau de formation de la population québécoise par une accessibilité accrue, assurer le développement scientifique du Québec et contribuer au développement de ses régions: trois missions, trois grands défis à relever dans le contexte de la Révolution tranquille et du bouillonnement qui régnait alors dans la province.
«Il fallait décentraliser les études universitaires, rappelle le sociologue Guy Rocher, auteur de plusieurs ouvrages sur la question. Les sortir de Montréal, de Québec et de Sherbrooke. Le réseau est né des recommandations du rapport Parent, destiné à démocratiser l’accession aux études. Il y a eu les cégeps d’un côté et les universités en région de l’autre. Et Montréal avait besoin aussi d’une deuxième université francophone, en plein centre-ville, ouverte aux jeunes du bas de la ville et de la Rive-Sud. »
Dès 1969, cinq établissements universitaires voient le jour, à savoir les universités du Québec à Montréal, Trois-Rivières et Chicoutimi, ainsi que l’École nationale d’administration publique (ENAP), créée à Québec pour former de véritables gestionnaires publics, et l’Institut national de recherche scientifique (INRS). En 1973, Rimouski se dote de son université. L’année suivante, l’École de technologie supérieure (ETS) est créée à Montréal afin de promouvoir une philosophie d’enseignement en science appliquée. En 1981, puis en 1983, deux nouvelles universités viennent compléter le tableau régional, en Outaouais d’abord, puis en Abitibi. Et c’est finalement en 1992, que le dernier établissement s’ajoute : la télé-université TELUQ, qui se spécialise dans l’enseignement à distance.
Pôles de développement économique et culturel
Dix établissements sur l’ensemble du territoire de la province. Dix établissements qui, depuis 50 ans, ont décerné près de 650 000 diplômes. Plus de 100 000 étudiants y étaient inscrits à l’automne 2015, dont une forte proportion composée d’adultes en situation de conciliation études-travail-famille et de candidats aux parcours scolaires non conventionnels ou non linéaires.
Si plusieurs enjeux demeurent et si le réseau a particulièrement souffert des coupes opérées lors des politiques d’austérité du gouvernement de Philippe Couillard, beaucoup de chemin a été parcouru et plusieurs défis semblent avoir été relevés. La présence de près de 60 % d’étudiants dont les parents n’ont pas fréquenté l’université, cette fameuse «première génération» ne provenant pas des milieux bourgeois à qui l’université ouvrait traditionnellement ses portes, en est une preuve. L’UQ a également su aller chercher les femmes, et de plus en plus les populations autochtones.
Elle dispose également de 1200 programmes de formation aux trois cycles. Programmes d’enseignement et de recherche aux thématiques très ancrées dans leur milieu, l’océanographie à Rimouski, les mines et l’aluminium à Chicoutimi ou encore la forêt boréale en Abitibi.
« Durant 50 ans, les hommes et les femmes à la tête de l’UQ ont fait preuve d’une énergie et d’une créativité inimaginables, souligne M. Rocher. Les universités en région représentent de véritables pôles de développement économique et culturel. On peut toujours faire mieux, en allant par exemple encore plus chercher les classes populaires. Mais sans le réseau, le visage du Québec ne serait pas le même aujourd’hui. »