Le Devoir

Rassemblem­ent de la dernière chance pour Martine Ouellet

À quelques jours d’un vote de confiance décisif pour la chef, ses militants lui ont exprimé leur soutien

- MARIE-LISE ROUSSEAU

Après que Martine Ouellet s’est fait tourner le dos par sept de ses dix députés, son aile jeunesse, son trésorier et Mario Beaulieu, des dizaines de militants du Bloc québécois lui ont exprimé leur soutien lors d’un rassemblem­ent tenu dimanche à Montréal, à quelques jours d’un vote de confiance décisif sur son leadership.

Estimant que Martine Ouellet a été victime d’une «lapidation publique» et de sexisme dans les médias au cours des derniers mois, l’animatrice du rassemblem­ent, Sophie Stanké, a invité les participan­ts à terminer leur discours par la phrase «Martine, je t’aime».

C’est ce qu’ils ont fait. «Femme de conviction», «debout face à l’adversité», «vaillante», «courageuse», «extrêmemen­t humaine» sont quelques-uns des qualificat­ifs qu’ont employés les partisans qui se sont relayés au micro, dont les députés bloquistes Xavier Barsalou-Duval et Marilène Gill, ainsi que les artistes Sylvie Legault, Andrée Ferretti et France Théoret.

Des propos à des années-lumière de ceux tenus par les dissidents, qui ont claqué la porte en février en critiquant le leadership de la chef.

Denis Monière et Gilbert Paquette, tous deux nouvelleme­nt dans la garde rapprochée de Martine Ouellet, ont tenu les propos les plus virulents — et les plus acclamés — à leur endroit. «Ceux qui s’opposent à Martine Ouellet, qu’ont-ils à offrir? Le vide, la vacuité intellectu­elle», a martelé le politologu­e Denis Monière, qualifiant d’«hypocrites» et de «branleux» les députés dissidents.

M. Paquette, ancien ministre sous René Lévesque, a pour sa part déclaré que «la vieille garde du Bloc québécois a tenté un coup d’État» contre la chef. Selon lui, les membres doivent voter pour Martine Ouellet, sans quoi les « indépendan­tistes frileux » gagneront.

Indépendan­tisme assumé

La promotion de «l’indépendan­tisme assumé» était au coeur du rassemblem­ent. Martine Ouellet soutient en effet que les dissidents ont quitté le parti en raison d’un différend sur l’article 1 de son programme, qui porte sur cette question.

«Depuis une quinzaine d’années, le mouvement souveraini­ste indépendan­tiste tourne en rond. […] Il faut inverser cette tendance. Aller à contrecour­ant, ça dérange, mais c’est un bon dérangemen­t», a-t-elle déclaré lors d’un discours d’une trentaine de minutes devant une centaine de militants galvanisés.

Selon elle, il ne faut pas avoir peur de parler d’indépendan­ce dans l’espace public. «C’est un drôle de calcul venant de ceux qui pensent que plus on parle d’indépendan­ce, plus on va perdre des votes. Il faut arrêter d’avoir peur de perdre des votes; de toute façon, on les a déjà perdus», a-telle déclaré, faisant référence aux faibles résultats électoraux du parti depuis la vague orange de 2011.

«Le Bloc ne peut plus agir comme il agissait en 2005. Il y a eu 2011 ; on est en 2018. C’est tout à fait normal qu’on essaie de nouvelles approches, qu’on veuille renouveler la mission du Bloc québécois si on veut qu’il soit pertinent [aux élections de] 2019 », a-t-elle détaillé par la suite au Devoir.

Référendum

Selon Martine Ouellet, un «oui oui» aux questions du référendum est la «seule sortie de crise possible » pour le Bloc québécois. La première question porte sur l’orientatio­n du mandat du Bloc, la seconde est un vote de confiance à son endroit.

Le sort de la chef sera scellé dimanche prochain, jour où les résultats de ce référendum, qui se tiendra vendredi et samedi, seront rendus publics.

La chef espère-t-elle un ralliement des députés dissidents? «S’ils veulent revenir, ça leur appartient», s’est-elle contentée de dire après son discours, durant lequel elle a dénoncé leur «manque de cohérence».

Martine Ouellet dit toutefois «tendre la main» au président du parti, Mario Beaulieu, qui demeure au Bloc, mais n’appuie plus la chef. « C’est ma volonté que Mario se rallie. »

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VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR Lors d’un discours d’une trentaine de minutes, Martine Ouellet a notamment affirmé qu’il ne faut pas avoir peur de parler d’indépendan­ce dans l’espace public.

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