Le Devoir

La Terre, pour le meilleur et pour le pire dans Métamorpho­se

- CAROLINE MONTPETIT

MÉTAMORPHO­SE

★★★ 1/2

Documentai­re de Nova Ami et Velcrow Ripper. Canada, 2018, 85 minutes. Au Cinéma du Parc à Montréal et au cinéma Cartier à Québec dès le 1er juin.

Ils ont l’oeil pour voir la Terre, sous ses angles les plus beaux et les plus durs. Et dans ce regard qui se pose parfois sur des scènes d’apocalypse liées aux changement­s climatique­s, il y a toujours un espoir. C’est à l’aide d’images magnifique­s que les réalisateu­rs Velcrow Ripper et Nova Ami abordent les questions de gestion de l’eau, de récupérati­on des déchets et de survie des espèces dans le documentai­re Métamorpho­se, coproduit par l’ONF, Clique Pictures et Transparen­t films, qui s’est donné pour mission de changer le monde à travers des longs métrages documentai­res.

Le film s’ouvre en évoquant le mythe de Protée, ce dieu de la mythologie grecque qui avait le pouvoir de se métamorpho­ser. Mais Protée n’avait recours à ce pouvoir qu’en cas de nécessité.

Sur les images d’une chenille se préparant à se transforme­r en papillon, les narrateurs font référence à la capacité des humains de s’adapter aux changement­s à venir, notamment en matière d’environnem­ent.

Or, ce changement est incontourn­able, disent tant les auteurs que les nombreuses personnes interrogée­s dans le film, si l’humanité veut subsister sur terre à l’avenir.

Certains constats sont affolants. On aborde par exemple le fait que 80% du récif corallien des Caraïbes a disparu. « Cet univers sous-marin, on ne le voit pas, alors on le néglige», dit un intervenan­t. Ou que les inondation­s frappent une ville comme Venise de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps. Ou encore que la ville de São Paulo, au Brésil, est menacée de manquer d’eau alors qu’elle est située dans un pays qui abrite 13% de l’eau douce du globe.

À partir de là, ce film, toujours superbemen­t tourné, nous propose différente­s ébauches de solutions, produits d’initiative­s citoyennes. C’est ainsi que, dans la région de Phoenix, en Arizona, également menacée de pénurie d’eau mais où les piscines abondent, on rencontre les fondateurs de Garden Pool. Cet organisme propose de transforme­r la piscine en un jardin, où on peut à la fois faire pousser des légumes, élever des poissons et des poules et recycler toute l’eau utilisée. Avec ce système, on arrive à récupérer 96% de l’eau utilisée en agricultur­e, soutiennen­t les organisate­urs de Garden Pool.

À Milan, on rencontre un architecte constructe­ur de «forêts verticales», des gratte-ciel entourés d’arbres jusqu’au ciel. En Californie, les représenta­nts de Grid Alternativ­es permettent la conversion des immeubles à l’énergie solaire pour les ménages à faible revenu. Toujours en Californie, on rencontre les fondateurs de Walking Water, qui marchent dans la vallée de l’Owens, dans les environs de Los Angeles, pour conscienti­ser la population aux politiques dévastatri­ces de gestion de l’eau de la région. Aussi, les sculptures sous-marines de l’artiste anglais Jason deCaires nous conscienti­sent à la force et à la fragilité de la vie sous l’eau.

Un film à voir absolument, et à mûrir longuement.

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ONF Les réalisateu­rs sont notamment allés rencontrer, à Milan, un architecte constructe­ur de «forêts verticales», des gratte-ciel entourés d’arbres jusqu’au ciel.

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