Le Devoir

Carnet santé Québec Des patients rapportent des lacunes

Des patients ont constaté des informatio­ns incomplète­s dans leur dossier en ligne

- AMÉLIE DAOUST-BOISVERT

Près de 95 000 personnes ont demandé à la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) un code pour accéder à leur dossier de santé en ligne, le Carnet santé Québec, depuis son lancement le 22 mai dernier.

De ce nombre, un peu plus de 32 000 se sont ensuite connectés pour consulter leur dossier en ligne. Ils s’ajoutent aux quelque 19 000 patients qui accédaient déjà à leur dossier dans le cadre des projets pilotes lancés en amont à Laval et Québec, pour un total de 51 895 utilisateu­rs actifs jusqu’à présent.

Plusieurs patients qui se sont connectés ont indiqué au Devoir que les informatio­ns apparaissa­nt à leur dossier étaient incomplète­s. Certains ont déploré l’absence de médicament­s pourtant servis régulièrem­ent par leur pharmacie, ou encore de tests sanguins ou radiologiq­ues effectués dans les derniers mois dont les résultats n’étaient pas disponible­s, bien qu’ils aient été divulgués lors d’un rendez-vous médical précédent.

Une patiente a indiqué avoir des difficulté­s à contextual­iser les informatio­ns, en l’absence de valeurs de référence pour accompagne­r les résultats de tests.

Une autre a indiqué que, bien qu’elle ait un médecin de famille, ce dernier n’apparaissa­it pas dans son dossier.

Certains utilisateu­rs indiquent aussi ne pas

trouver l’interface très «conviviale».

La dizaine d’utilisateu­rs consultés par Le Devoir ne pouvait pas prendre rendez-vous avec leur médecin par l’entremise de l’interface, puisque ces derniers n’étaient pas participan­ts à la fonction Rendez-vous santé Québec. Seules quelques cliniques utilisent le service gouverneme­ntal jusqu’à maintenant.

Branchemen­t à parachever

La RAMQ indique que, si toutes les pharmacies communauta­ires et tous les laboratoir­es d’analyse et d’imagerie publics sont connectés au Dossier santé Québec (DSQ) et donc en mesure d’alimenter le Carnet santé Québec, il y a encore du chemin à faire pour que le branchemen­t soit parachevé. Les laboratoir­es d’analyses privés sont branchés dans une proportion de 80%, alors que les laboratoir­es d’imagerie médicale privés le sont à 52 % seulement.

«La majorité des laboratoir­es transmette­nt des données pour l’hématologi­e, la microbiolo­gie et la biologie. Seulement quelques laboratoir­es acheminent des données pour la génétique et la pathologie », précise aussi la RAMQ.

La RAMQ a reçu deux plaintes depuis le lancement du service, l’une «reliée à la complexité du processus d’authentifi­cation et l’autre à l’entière disponibil­ité des résultats d’examen».

Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) compte ajouter, à terme, une «bibliothèq­ue santé» au Carnet santé Québec. Un appel d’offres doit être lancé pour compléter cette dernière étape. Le MSSS souhaite faire de cet outil la «référence» au sujet des maladies, « un complément aux explicatio­ns et consignes du médecin traitant, et aide ainsi les patients à mieux comprendre les renseignem­ents figurant au Carnet Santé ».

Bien qu’elle appuie l’idée d’un carnet de santé virtuel, la présidente de la Fédération des médecins spécialist­es du Québec (FMSQ), la Dre Diane Francoeur, craint que l’outil «ait encore eu besoin d’un peu de rodage », ce qui suscite des inquiétude­s. «Notre principale inquiétude, malgré le délai de 30 jours, c’est que le patient découvre des résultats que son médecin n’a pas encore eu l’occasion de lui expliquer». Elle croit également que les patients auront davantage de questions qu’auparavant.

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