Une « clause crépusculaire » serait « insensée », estime Justin Trudeau
Ottawa — Justin Trudeau juge «insensé» d’ajouter à la nouvelle version de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) une clause de temporarisation (communément appelée «clause crépusculaire» d’après l’anglais sunset clause), qui permettrait aux États-Unis de mettre fin à l’entente commerciale dans les cinq années suivant son entrée en vigueur.
En entrevue dimanche matin à l’émission du réseau américain NBC Meet The Press, le premier ministre canadien a été interrogé sur l’état des pourparlers sur l’ALENA, et il semble qu’il reste un litige de taille: la clause de temporarisation à laquelle tiennent les États-Unis.
Selon M. Trudeau, le Canada fait preuve de «flexibilité» pour assurer à ses partenaires un meilleur accès au marché de l’agriculture — une proposition «très prometteuse», a-t-il soutenu, sans révéler de détails précis.
Mais le premier ministre rejette complètement l’idée d’inscrire une clause de temporarisation dans l’accord, puisqu’elle pourrait nuire à l’investissement au Canada.
Le premier ministre croit même que les États-Unis sont bien conscients que cette disposition
pourrait dissuader les investisseurs potentiels de choisir le Canada et le Mexique.
Selon lui, ce n’est tout simplement pas comme ça que fonctionnent les accords commerciaux. «Quelle compagnie va vouloir investir au Canada si, cinq ans plus tard, il pourrait ne même pas y avoir d’accord commercial avec les États-Unis?», a-t-il plaidé lors de l’entrevue, qui a été accordée plus tôt cette semaine.
Des tarifs «insultants»
L’entrevue avec l’animateur Chuck Todd a été diffusée dimanche matin, mais certains extraits avaient été dévoilés la veille, notamment ceux où M. Trudeau discutait de l’imposition de tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium.
Le premier ministre Trudeau a été très sévère quant à cette décision. Selon lui, le fait que les États-Unis invoquent l’argument de sécurité nationale pour imposer ces tarifs est « insultant et inacceptable ».
«Le fait que des soldats des deux pays soient morts sur les plages lors de la Deuxième Guerre mondiale et dans les montagnes de l’Afghanistan et qu’ils aient combattu côte à côte dans certains des lieux les plus difficiles de la planète, et le fait que nous avons toujours été là l’un pour l’autre, d’une certaine façon, ceci est insultant pour eux», a-t-il déclaré.