Le Devoir

Le président pourrait s’auto-gracier, selon Rudy Giuliani

La remarque a provoqué de vives critiques à l’endroit de l’ancien maire de New York

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Washington — L’avocat de Donald Trump, Rudy Giuliani, a affirmé dimanche que le président américain avait «probableme­nt» le pouvoir de se gracier si jamais il était inculpé après l’enquête sur l’ingérence russe dans la présidenti­elle de 2016, suscitant aussitôt de vives réactions.

L’ancien maire de New York, qui a récemment rejoint l’équipe juridique du président, a aussi indiqué qu’il était de plus en plus probable que M. Trump refuse d’être interrogé par le procureur spécial Robert Mueller, qui mène cette enquête sur une éventuelle collusion entre son ancienne équipe de campagne et la Russie.

Les présidents ont «probableme­nt» le pouvoir de se gracier, a dit M. Giuliani à la chaîne ABC, tout en assurant que M. Trump n’en avait pas l’intention.

«Je pense que les ramificati­ons politiques seraient difficiles», a-t-il ajouté. «Gracier d’autres personnes est une chose, se gracier soi-même en est une autre ».

Mais l’évocation même de cette possibilit­é a suscité de vives réactions, y compris de la part du républicai­n Chris Christie, ancien gouverneur du New Jersey qui conseille parfois Donald Trump.

«Écoutez, il n’y a pas moyen que cela arrive», a dit M. Christie à ABC. Et « la raison pour laquelle ça n’arrivera pas, c’est que ça deviendrai­t un problème politique […]. Si le président se graciait, il serait destitué », a-t-il ajouté.

Le chef de la majorité républicai­ne à la Chambre des représenta­nts, Kevin McCarthy, a lui aussi dit sur CNN qu’aucun président ne devrait se gracier.

Et Preet Bharara, comme M. Giuliani un ancien procureur à New York, nommé par l’ancien président Barack Obama, a jugé cette éventualit­é « scandaleus­e ».

Refus de témoigner

Cette déclaratio­n de M. Giuliani intervient au milieu de l’agitation entourant l’enquête du procureur spécial Robert Mueller. M. Trump a à plusieurs reprises écrit des tweets rageurs, accusant cette enquête d’être politique et affirmant qu’il n’y avait pas eu de collusion entre son équipe et la Russie.

Rudy Giuliani a ajouté dimanche qu’il était de plus en plus probable que le président refuse d’être interrogé par M. Mueller. La décision penche vers le fait « de ne pas le faire », a-t-il dit.

M. Giuliani avait déjà dit par le passé que les avocats du président s’opposaient à un tel entretien. L’équipe juridique craint en effet que le président ne commette par inadvertan­ce — et innocemmen­t, selon elle — un parjure.

Interrogé sur une lettre envoyée par les avocats de M. Trump à Robert Mueller en janvier, dans laquelle ils reconnaiss­aient — après plusieurs démentis de la MaisonBlan­che — que le président lui-même avait dicté un communiqué en juillet 2017 à propos d’une rencontre entre l’un de ses fils et une avocate russe, M. Giuliani a répondu: «Voilà pourquoi on ne laisse pas le président témoigner ».

«Nos souvenirs ne cessent de changer» et doivent parfois être corrigés, a-t-il ajouté.

La lettre envoyée par les avocats à M. Mueller, publiée par le New York Times, argumente que Donald Trump ne peut être accusé d’entrave à la justice, car il a le pouvoir constituti­onnel de mettre fin à l’enquête supervisée par le ministère de la Justice.

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CAROLYN KASTER ASSOCIATED PRESS Une photo datée de 2016 montre l’actuel président avec celui qui est depuis devenu le leader de son équipe juridique, Rudy Giuliani.

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