Le Devoir

Mélina Boughedir face à la justice irakienne

La France n’interviend­ra pas dans le processus judiciaire en faveur de l’accusée pour terrorisme

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Paris — La France a pris acte dimanche de la condamnati­on de la Française Mélina Boughedir à perpétuité à Bagdad pour avoir rejoint le groupe État islamique (EI), relevant que la procédure n’était pas terminée et assurant qu’elle respectait «la souveraine­té des juridictio­ns irakiennes ».

«Nous notons que la procédure judiciaire n’est pas achevée et suivra son cours, tant par nouvel appel de la Cour de cassation, comme c’est automatiqu­ement le cas s’agissant de condamnati­on pour terrorisme en droit irakien, que sur recours de Mme Boughedir ellemême si elle le souhaite», a déclaré le ministère des Affaires étrangères interrogé par l’AFP.

«La France continuera de respecter la souveraine­té des juridictio­ns irakiennes et le déroulemen­t indépendan­t des procédures judiciaire­s», a poursuivi le Quai d’Orsay.

La condamnati­on à perpétuité dimanche de Mme Boughedir — arrêtée durant l’été 2017 à Mossoul, ex-«capitale» du «califat» autoprocla­mé en Irak — équivaut à 20 années de réclusion au regard de la législatio­n irakienne actuelle.

Peine capitale évitée

Âgée de 27 ans, Mme Boughedir avait été déclarée libérable en février à l’issue d’un premier procès pour «entrée illégale» en Irak. Sous le coup cette fois de la loi antiterror­iste, elle était passible de la peine capitale.

Interrogés par l’AFP à Bagdad, ses avocats français William Bourdon, Martin Pradel et Vincent Brengarth se sont dit «soulagés qu’elle n’ait pas été condamnée à mort», mais ont annoncé que leur cliente allait interjeter appel.

«[La France] entretient un dialogue régulier avec les autorités de l’Irak afin notamment de faire valoir, comme elle le fait toujours, son opposition à l’applicatio­n de la peine de mort ainsi que le respect des convention­s internatio­nales prohibant en particulie­r les traitement­s inhumains ou dégradants», a souligné le ministère des Affaires étrangères.

Paris a estimé que «le procès s’est déroulé dans des conditions satisfaisa­ntes du point de vue de la protection consulaire ».

«Les représenta­nts de l’administra­tion consulaire ont assisté à l’ensemble de l’audience et mis à dispositio­n de la Cour un interprète spécialisé», a noté le ministère des Affaires étrangères.

«L’audience avait été reportée d’un mois, afin de permettre à son nouvel avocat irakien de prendre l’attache de ses conseils français et de préparer sa défense», a-t-il poursuivi.

«Les trois avocats français de Mme Boughedir, maîtres Bourdon, Pradel et Brengarth, présents sur place, ont été autorisés à participer à l’audience aux côtés de son avocat irakien, et à poser des questions à Mme Boughedir», a-t-il encore relevé.

La défense a affirmé de son côté qu’il existait «évidemment des raisons extra-judiciaire­s » à cette condamnati­on.

Jeudi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait appelé Bagdad à juger cette «terroriste» du groupe État islamique ayant «combattu contre l’Irak».

Une qualificat­ion qui «la condamnait par avance à une condamnati­on lourde», a déploré Patrick Baudouin, avocat et président d’honneur de la Fédération internatio­nale des droits de l’Homme (FIDH).

La France continuera de respecter la souveraine­té des juridictio­ns irakiennes

Le Quai d’Orsay

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