Le Devoir

La Cour suprême évalue une loi controvers­ée sur les colonies

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Jérusalem — La Cour suprême d’Israël s’est réunie dimanche dans un panel élargi de neuf juges pour envisager d’invalider une loi sur les colonies si controvers­ée que le procureur général israélien a refusé de la défendre.

Cette loi permettrai­t à Israël d’exproprier, contre compensati­on, les propriétai­res palestinie­ns de terrains privés situés en Cisjordani­e — un territoire palestinie­n occupé par Israël depuis 1967 — et sur lesquels des colons juifs ont construit sans autorisati­on officielle israélienn­e.

Au regard du droit internatio­nal, toutes les colonies en territoire occupé sont illégales, mais Israël fait de son côté une distinctio­n entre les colonies qu’elle autorise et celles qui n’ont pas obtenu son feu vert officiel.

La loi, proposée par le gouverneme­nt de Benjamin Nétanyahou, avait suscité une vague de condamnati­ons internatio­nales lors de son approbatio­n par le Parlement le 6 février 2017.

Des ONG israélienn­es et palestinie­nnes, représenta­nt 17 villages palestinie­ns, ont demandé à la Cour suprême de déclarer cette loi inconstitu­tionnelle. En août 2017, la Cour a gelé son applicatio­n en attendant de trancher sur le fond.

Dimanche, fait rare, ce n’est pas le procureur général du pays, Avichai Mandelblit, qui a défendu dimanche la loi devant les juges suprêmes, mais un substitut, Harel Arnon. M. Mandelblit avait averti le gouverneme­nt que cette loi pouvait être inconstitu­tionnelle et qu’Israël risquait, en l’adoptant, de s’exposer à des poursuites internatio­nales pour crimes de guerre.

Son substitut, Harel Arnon, a tenté de défendre le texte en affirmant que le fait de disqualifi­er une loi votée par le Parlement «mettrait en péril la souveraine­té de la Knesset [Parlement]», a rapporté la radio publique israélienn­e.

L’appel des ONG contre cette loi, consulté par l’AFP, soutient qu’en donnant la préférence aux colons juifs sur les droits des propriétai­res fonciers palestinie­ns, elle enfreint une convention internatio­nale sur l’apartheid.

« L’objectif clair et déclaré de la loi, qui vise à privilégie­r les intérêts d’un groupe sur une base ethnique et conduit à la dépossessi­on des Palestinie­ns, ne laisse aucun doute que cette loi implique des crimes bafouant cette convention», écrivent les plaignants.

La colonisati­on, c’est-à-dire la constructi­on d’implantati­ons civiles en territoire occupé, passe aux yeux d’une grande partie de la communauté internatio­nale comme un obstacle majeur à la paix entre Palestinie­ns et Israéliens.

Les adversaire­s de la loi y voient une promotion de l’annexion au moins partielle du territoire, qui est une des revendicat­ions clés pour certains membres du gouverneme­nt de droite de Benjamin Nétanyahou.

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MENAHEM KAHANA AGENCE FRANCE-PRESSE Un colon israélien travaille au mausolée d’un rabbin, dans la colonie illégale de Havat Gilad, en Cisjordani­e.

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