Le Devoir

#MeToo : Bill Clinton critiqué pour son manque de considérat­ion

L’ancien président a avoué n’avoir jamais présenté ses excuses à Monica Lewinsky, et ne pas avoir l’intention de le faire

- THOMAS URBAIN à New York

Vingt ans après, l’ancien président Bill Clinton ne regrette rien de sa gestion de l’affaire Monica Lewinsky, malgré le mouvement #MeToo, ce qui lui a valu lundi une pluie de critiques.

Ce qui devait être une paisible tournée de promotion pour la sortie, lundi, de son premier roman, The President is Missing (Le président a disparu), coécrit avec l’auteur à succès James Patterson, s’est transformé en polémique nationale à la faveur d’une entrevue diffusée par la chaîne NBC.

Interrogé sur Monica Lewinsky, qui fut son amante en 1995 et 1996 alors qu’elle était stagiaire à la Maison-Blanche, Bill Clinton a ainsi révélé ne jamais s’être excusé personnell­ement auprès d’elle et ne pas avoir l’intention de le faire.

En février, Monica Lewinsky a écrit un témoignage, publié dans le magazine Vanity Fair, expliquant notamment qu’elle avait souffert de stress post-traumatiqu­e, lié à la médiatisat­ion de sa liaison et à l’enquête du procureur spécial Kenneth Starr.

Après avoir longtemps affirmé que la relation était consentie, elle a expliqué que sa jeunesse à l’époque (22 ans) et la différence de statut entre elle, jeune stagiaire, et le président des États-Unis, rendaient l’idée même du consenteme­nt « discutable ».

«J’ai dit plus d’une fois publiqueme­nt que j’étais désolé », a dit Clinton, visiblemen­t mal à l’aise alors qu’il est communémen­t considéré comme un tribun d’exception. «C’est très différent. Les excuses étaient publiques. »

« Ça fait 20 ans, allons ! », a dit James Patterson, présent avec Bill Clinton pour l’entrevue, pour tenter de couper court. «Parlons de JFK. Parlons de LBJ», en référence aux anciens présidents John F. Kennedy et Lyndon B. Johnson, connus pour avoir eu de nombreuses liaisons extramarit­ales. « Stop, maintenant. »

«Durant la campagne 2016, Bill Clinton n’a jamais eu à parler en détail de ses scandales passés… Les choses ont changé», a relevé le communican­t David Ford, sur Twitter.

L’incarnatio­n parfaite

«Bill Clinton est précisémen­t l’une des raisons pour lesquelles nous avons besoin du #MeToo», a commenté la journalist­e et éditoriali­ste Courtney Enlow, également sur Twitter, où le mari d’Hillary Clinton était vertement critiqué.

«J’apprécie le mouvement #MeToo», a néanmoins déclaré le démocrate de 71 ans, estimant même qu’il « aurait dû arriver avant ».

Pour autant, «cela ne veut pas dire que je suis d’accord avec tout. Je m’interroge sur certaines décisions qui ont été prises », a-t-il ajouté, sans plus de précisions.

Depuis que l’affaire Harvey Weinstein a éclaté début octobre, des dizaines d’hommes de pouvoir ont été contraints de quitter leurs fonctions après avoir été accusés de harcèlemen­t ou d’agression sexuelle.

Lors de l’entretien, Bill Clinton a affirmé que, s’il avait été président aujourd’hui, en pleine ère #MeToo, il n’aurait pas réagi différemme­nt à la révélation de sa liaison et aux accusation­s de l’époque, qui l’avaient mené tout près de la destitutio­n.

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