Accurso n’était pas au courant de la corruption à Laval, affirme son fils
Tony Accurso était trop occupé à faire grandir son empire de la construction pour être au courant de la collusion ou du « traficotage » de contrats à Laval, ont expliqué mercredi les trois premiers témoins de la défense au procès de l’ex-entrepreneur.
« Mon père, il ne regardait pas le “day
to day”. C’est pour ça qu’il a mis du monde fort en place pour gérer ses entreprises », est venu expliquer sous serment Jimmy Accurso, fils aîné de l’ancien entrepreneur.
L’ancien président des restaurants et bars de M. Accurso, Mario Boyer, est aussi venu offrir une version similaire.
« Je n’avais pas beaucoup de comptes à rendre. Il m’appelait et me demandait: “Ça va bien?” Il faut dire que j’étais connu dans ce milieu-là, il l’a vu assez vite », a-t-il dit.
Même Jimmy Accurso, qui a pratiquement grandi dans les bureaux des entreprises de son père, a dit ne pas être non plus au courant de la collusion et de la corruption qui régnaient à Laval sous le règne du maire Gilles Vaillancourt.
«Je n’ai jamais, jamais, jamais entendu parler de ça, jamais », a insisté Accurso fils, qui a gravi les échelons jusqu’à devenir vice-président des entreprises familiales.
La première fois que son père et lui ont été mis au courant du stratagème de partage de contrats, ce serait en 2013, à la suite des perquisitions menées aux bureaux de Louisbourg et Simard-Beaudry.
« Ça m’avait choqué », a-t-il déclaré en s’adressant aux douze jurés.
Trop haut placé
Il a décrit son père comme un président de conseil d’administration dont le but était de faire grossir ses entreprises, si bien qu’il s’était entouré d’hommes de confiance.
Ces hommes étaient Joe Molluso et Frank Minicucci, les bras droits de M. Accurso. La défense soutient que ceux-ci avaient « carte blanche » quant à la gestion des entreprises de M. Accurso.
« [M. Accurso] était comme un avion qui volait à 35 000 pieds, et les présidents de ses compagnies [MM. Molluso et Minicucci], eux, volaient à peu près à 15 000 pieds », a imagé l’avocat de M. Accurso, Me Marc Labelle.
L’ex-entrepreneur n’a pas été impliqué dans le stratagème de partage de contrats sur le territoire lavallois, a-t-il plaidé devant le jury.
« M. Accurso n’a pas comploté avec les gens qu’on mentionne à l’acte d’accusation pour faire de la collusion ou soudoyer des fonctionnaires, il n’a pas non plus aidé ou participer à ça», a martelé Me Labelle.
L’avocat a d’ailleurs indiqué au jury que M. Accurso viendra nier certaines déclarations des témoins de la poursuite. Il sera le dernier témoin à être entendu à la barre, soit vendredi ou lundi matin. L’ancien entrepreneur contestera notamment avoir donné 200 000 $ en argent comptant à Marc Gendron, un des collecteurs de fonds du maire Gilles Vaillancourt.
Crédibilité attaquée
Déjà, Me Labelle s’est attaqué à la crédibilité de M. Gendron presque toute la matinée de mercredi. Celui-ci avait aussi soutenu lors de son passage à la cour avoir remis l’argent à Jean Gauthier, puisqu’il devait quitter le pays le lendemain matin.
Lors de son témoignage, il avait raconté être allé porter l’argent à M. Gauthier dans un établissement scolaire puisque, à son souvenir, celui-ci était commissaire scolaire.
Or, la défense a fait entendre Me JeanPierre Archambault, actuel secrétaire général de la Commission scolaire de Laval. Le témoin a épluché les procès-verbaux de 1999 à 2003 et soutient ne pas avoir trouvé de traces du nom de M. Gauthier.
Au total, sept personnes témoigneront pour la défense.
M. Accurso fait face à des accusations de fraude, de corruption de fonctionnaire, d’abus de confiance et de complot dans le cadre d’un système de partage de contrats et de ristournes au parti de M. Vaillancourt. L’ex-entrepreneur en construction a plaidé non coupable à toutes ces accusations.
Je n’ai jamais, jamais, jamais. entendu parler de ça, jamais JIMMY ACCURSO, VICE-PRÉSIDENT DES ENTREPRISES DE SON PÈRE, TONY