Le Devoir

La Chambre de la sécurité financière vivra |

L’Autorité des marchés financiers « respecte le choix des parlementa­ires »

- FRANÇOIS DESJARDINS LE DEVOIR

La Chambre de la sécurité financière (CSF) refuse pour l’instant de se prononcer sur l’étonnante volte-face du gouverneme­nt Couillard, qui laisse tomber le projet d’abolir la CSF et la Chambre de l’assurance de dommages (ChAD) et de confier leurs fonctions à l’Autorité des marchés financiers (AMF).

Invoquant un manque de temps pour terminer le peaufinage du projet de loi 141 avant la fin de la session parlementa­ire, le ministre des Finances, Carlos Leitão, a fait l’annonce en fin de journée mardi après avoir discuté d’un « compromis » avec les autres partis. L’étude détaillée se poursuit jeudi.

« Nous retirons les propositio­ns qui concernent les Chambres, ce qui veut dire que la CSF et la ChAD demeurent en fonction », a dit M. Leitão lors d’une séance de la Commission des finances publiques. «Je pense toujours qu’il s’agit d’une très mauvaise idée. Je pense toujours qu’il serait important d’avoir une seule autorité d’encadremen­t pour qu’elle puisse intervenir de manière globale et cohérente. »

En guise de préambule, le ministre venait de dire qu’il fallait déterminer la façon de procéder pour « avoir le temps de terminer le projet de loi ». La session parlementa­ire prend fin le 15 juin, a-t-il rappelé, et 80 % du projet de loi omnibus, qui révise de long en large l’encadremen­t du secteur financier, a jusqu’ici été adopté par les partis.

La CSF limite ses commentair­es

La possible disparitio­n de la CSF, un organisme d’autoréglem­entation dont la mission porte sur l’encadremen­t des conseiller­s en services financiers, a semé une vive inquiétude chez des groupes de consommate­urs, qui ont vu dans le projet une érosion de la protection du public.

« Par respect pour le processus législatif, tant que le projet de loi ne sera pas adopté par l’Assemblée nationale, nous ne ferons pas de commentair­e », a indiqué la CSF dans une brève déclaratio­n écrite transmise au Devoir. L’organisme s’est limité à rappeler l’annonce du ministre. « Il s’agit d’une décision consensuel­le prise avec les partis d’opposition. »

L’intégratio­n des deux Chambres au sein de l’AMF bénéficiai­t d’appuis au sein de l’industrie, notamment au Mouvement Desjardins, où l’on voit la structure actuelle comme une « source de confusion ». L’AMF « respecte le choix des parlementa­ires », a affirmé l’orga- nisme dans une déclaratio­n. «L’AMF est satisfaite des mesures qui ont fait consensus jusqu’à maintenant. »

Le député péquiste Nicolas Marceau a applaudi à la décision du gouverneme­nt. « Sur la question des Chambres, le ministre et moi ne faisons pas le même diagnostic. Je pense que le modèle actuel fonctionne bien. […] Il n’y avait pas de consensus. Certains acteurs de l’industrie étaient favorables au retrait des Chambres, alors que d’autres, en particulie­r les associatio­ns de consommate­urs, qui y étaient opposés. Quand on présente des dispositio­ns pour protéger les consommate­urs et que les consommate­urs disent “non, je n’en veux pas”, il faut se poser des questions. »

Le député François Bonnardel, de la Coalition avenir Québec, a également salué le « compromis ».

Le ministre a également annoncé que le projet de loi fixerait à juin 2015 la date à partir de laquelle les nouvelles modalités du fonds d’indemnisat­ion s’appliquero­nt. Les critères du fonds, qui couvre les cas de fraude financière, ont été élargis. De plus, les dispositio­ns concernant l’assurance des frais funéraires — qui auraient ainsi fait un retour après avoir été déclarées illégales en 1974 — ont été retirées.

Chez l’opposition, le député péquiste Nicolas Marceau a applaudi à la décision, et François Bonnardel, de la Coalition avenir Québec, a salué le «compromis»

 ?? JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE ?? Le ministre des Finances, Carlos Leitão, a invoqué un manque de temps pour terminer le peaufinage du projet de loi 141 avant la fin de la session parlementa­ire.
JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE Le ministre des Finances, Carlos Leitão, a invoqué un manque de temps pour terminer le peaufinage du projet de loi 141 avant la fin de la session parlementa­ire.

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